16 Marocains arrêtés lors du démantèlement d'un réseau de trafic de mineurs

La Guardia civil espagnole vient de démanteler quatre organisations oeuvrant dans le trafic de mineurs marocains non accompagnés à destination de la péninsule ibérique. Seize Marocains ont été appréhendés et sont accusés de “crimes contre les droits des citoyens étrangers”.

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AFP

Dans un communiqué publié sur son site, la Guardia civil espagnole a annoncé, le 1er juin, avoir démantelé un réseau organisé de quatre groupes de passeurs clandestins qui se dirigeaient vers l’Espagne. Des organisations “vouées à la rétention et au transfert d’enfants migrants du Maroc vers les côtes espagnoles”, expliquent les autorités espagnoles.

Seize personnes ont été arrêtées, “toutes de nationalité marocaine”. Les suspect oeuvraient depuis le Maroc, mais aussi le sud de l’Espagne. Les mineurs, quant à eux, ont été déplacés vers des structures et centres d’accueil dans d’autres villes espagnoles, à Barcelone, Valence et Bilbao notamment.

Tous les suspects appréhendés sont accusés de crimes contre les droits des citoyens étrangers, de favoriser l’immigration illégale, de détention illégale et d’appartenance à une organisation criminelle.

C’est suite à un premier coup de filet survenu à la fin de l’année 2018 que les autorités ont commencé à ouvrir une enquête sur ces réseaux. Près de Séville, les forces de police espagnoles avaient découvert la disparition de 253 enfants et adolescents marocains dans un centre d’accueil pour mineurs dans la province sévillane.

De 600 à 800 euros la traversée

Quatre des éléments interpellés par la Guardia et appartenant au premier groupe avaient recueilli ces mineurs. Tous les passeurs sont originaires des environs de Séville et de Tarragone.“Les organisations démantelées ont incité les mineurs à se rendre en Espagne à bord de bateaux et de bateaux pneumatiques affrétés par les responsables des réseaux ou à arriver cachés dans des bus et des camions”, est-il mentionné. Des traversées du détroit qui y sont tant fréquentes qu’organisées. Une fois arrivés en Espagne, les passeurs réclament ainsi des montants allant de 600 à 800 euros pour organiser le transfert vers d’autres grandes villes espagnoles, principalement Barcelone, Valence et Bilbao. En attendant le règlement de la dette, les mineurs se retrouvent détenus “des maisons gérées par l’organisation” à Séville et ses environs, mais aussi Cadix.

C’est d’ailleurs près de Cadix que les enquêteurs ont appréhendé l’un des groupes démantelé et opérant à San Pablo de Buceite, mais aussi à Algésiras. S’ils disposaient de deux maisons dans lesquels ils détenaient les mineurs, le groupe de passeurs disposait également d’une “antenne au Maroc avec laquelle il coordonnait leur débarquement sur les côtes espagnoles”, détaille la Guardia. Un des quatre groupes appréhendés, dont font partie quatre Marocains, a fait l’objet d’une perquisition par la Guardia civil. Les enquêteurs ont retrouvé du “matériel informatique et une plantation de marijuana” au domicile des suspects.

En avril 2018, la police espagnole avait déjà démantelé un réseau similaire de mineurs non accompagnés. Les six membres avaient été arrêtés et écroués. En juin 2018, dans le cadre d’une opération conjointe avec l’agence européenne de la police criminelle, Europol, deux réseaux criminels avaient également été démantelés.

L’ONG andalouse APDHA (Asociación pro derechos humions de Andalucia) avait estimé à 7.000 le nombre de mineurs, accompagnés ou non par leur famille, ayant immigré en Espagne en 2018. Des chiffres qui représentent près du double du nombre d’arrivée en 2017. Une grande partie de ses enfants marocains proviendrait des villes du nord du pays, comme Tanger, Tétouan, mais aussi Sebta et Mélilia.