Les élevages de poulets en danger suite aux contrôles renforcés au port de Casablanca

Des mesures censées améliorer le transit au port ont en réalité ralenti l’arrivée des aliments utilisés par les producteurs de poulets. Ils se réunissaient aujourd’hui avec les autorités portuaires pour trouver une sortie de crise. Explications.

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Le Port de Casablanca Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

L’Agence nationale des ports (ANP) a introduit cette semaine de nouvelles mesures de sécurité pour les importations à Casablanca. Mais le renforcement des contrôles et des scanners, censé fluidifier le trafic, pose déjà problème jusque dans les élevages de poulets. Les maïs et tourteaux destinés à nourrir les bêtes prennent trop de retard et n’arrivent pas à temps dans les exploitations.

Les matières premières se font attendre

Les camions transporteurs de céréales et légumineuses doivent patienter plusieurs heures devant les systèmes de scanners du port de Casablanca. Une procédure de contrôle trop lente et fastidieuse, qui était pourtant censée accélérer le trafic des biens importés avec un service ouvert 24h/24, mis en place mi-juin. Un manque important pour les producteurs, qui craignent des retards dans les usines de poules pondeuses, de poulets reproducteurs et de dindes.

Les professionnels viticoles, céréaliers et les transporteurs routiers ont envoyé un courrier au ministre de l’Agriculture le 18 juin pour exprimer leurs inquiétudes et demander qu’une solution soit rapidement trouvée, afin d’éviter les pertes. Les produits importés représentent 70% des productions avicoles, dont dépendent environ 475.000 emplois directs et indirects. Interrogé par TelQuel, le président de la Fédération interprofessionnelle des secteurs avicoles du Maroc (FISA), Chaouki Jerrari, évoque “un sérieux problème de livraison depuis quelques jours, qui pourrait provoquer de graves pénuries”.

Une période difficile pour le secteur avicole

Les producteurs s’inquiètent des retards importants que prennent les maïs et tourteaux pour arriver aux exploitations. Pour le président de la FISA, la crise ne doit surtout pas durer : “Les productions et leurs animaux ont souffert puisqu’il y a déjà un manque d’aliments dans certaines zones, mais sans mortalité pour l’instant”. Sans les matières importées comme le maïs ou le soja pour alimenter en permanence les cheptels, le risque de décès des bêtes est important. Une seule demi-journée sans nourriture provoque une perte de poids des poulets et creuse le manque à gagner pour les producteurs.

Fin 2018, le secteur avait déjà souffert d’une grève des professionnels des transports. Les 43 usines marocaines ont frôlé le désastre. “Les gens ont peur que ça dure parce que dans le secteur, on ne dispose pas d’importants moyens de stockage. Donc, notre autonomie est limitée”, explique Chaouki Jerrari. L’année dernière, les aviculteurs marocains avaient perdu 40% de leur cheptel suite à la grève. Les fédérations avaient porté plainte à l’époque contre le chef du gouvernement “pour non-protection des biens d’autrui et des personnes”.

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Le premier pas vers la résolution

Jeudi 20 juin à midi, une réunion d’urgence rassemblait les producteurs, les Douanes et le port de Casablanca, afin de trouver une solution. À la sortie, le président de la FISA affirmait que la sortie de crise proposée par les autorités au port “consiste à alléger la procédure de scan”.

Mais le président évite de se réjouir trop vite : “entre les décisions et l’application sur le terrain, il peut s’écouler plusieurs jours.” Les producteurs de sa fédération espèrent un renouvellement des stocks dans les usines dès ce vendredi.