Benkirane passe à la sulfateuse "bandits", "guignols" et "harceleurs" du PJD

Lors de sa rencontre avec des jeunes de son parti, diffusée sur Facebook le vendredi 28 juin, Abdelillah Benkirane, ancien secrétaire général du PJD, a tiré à boulets rouges sur le PAM, mais aussi sur des membres du PJD ayant selon lui déraillé de “la voie de la vertu”.

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Face à la jeunesse du parti, Benkirane discourt sur les législatives, l'avidité de pouvoir et la monarchie.

Après un bref moment de répit, l’ex-chef du gouvernement Abdellilah Benkirane renoue avec ses saillies diffusées en live sur Facebook. Lors de son intervention devant la jeunesse du parti de la justice et du développement (PJD) de Hay Hassani (Casablanca), diffusée le soir du vendredi 28 juin, Abdelillah Benkirane a tiré à boulets rouges sur son opposant historique, le PAM. Il s’est aussi attaqué à quelques membres de son parti qu’il a traité de “bandits” et de “guignols”.

La fin du PAM … c’est moi !

Dans cette nouvelle sortie, l’ex-chef du gouvernement a mis en avant les réalisations de son gouvernement (2011-2016), mais surtout ses propres réalisations. “Les Marocains ont apprécié les réformes lancées par mon gouvernement malgré quelques mesures dites impopulaires, notamment en ce qui concerne les caisses de la compensation et de la retraite. Cependant, ces citoyens ont compris que ces mesures répondent bien à leurs intérêts et à l’intérêt général du pays”, déclare-t-il.  Il en veut pour preuve que “les Marocains ont accordé 125 sièges au PJD en 2016 (élections législatives, NDLR.), contre 107 sièges obtenus en 2011, et ce, en dépit des campagnes de diffamations auxquelles a été exposé le parti”, illustre-t-il.

En parlant de campagnes de diffamation, l’ex-secrétaire général du parti de la Lampe fait allusion à son ennemi juré, le Parti authenticité et modernité (PAM). “Ce parti n’a pas lésiné sur les moyens pour remporter les élections de 2015 et 2016 (les élections régionales et communales et les élections législatives, NDLR.)”, explique-t-il, avant de poursuivre, d’un ton religieux, “mais avons-nous gagné les élections par la corruption et la tricherie ? Non, nous les avons gagnés grâce à Allah, qui est notre seul soutien”. Et de poursuivre, d’un ton plutôt hautain, “Il faut reconnaître le rôle joué par moi et mon parti en ce sens. Nous avons barré la route à ces personnes (membres du PAM, NDLR) jusqu’à ce que Dieu ait montré leur vrai visage, et voilà maintenant qu’elles s’entredéchirent, et le fameux parti se désintègre”.

Après les attaques, le prêche

L’ancien chef du gouvernement a également profité de cette rencontre pour appeler les militants de son parti à rester sur la bonne voie, “celle de la réforme”. “Il ne faut pas oublier que le PJD a toujours placé la politique au second plan pour asseoir ses actions, ses valeurs et sa démarche sur la base de l’islam. C’est le prêche de la parole d’Allah”, a-t-il déclaré, en invitant les jeunes de son parti à être “honnêtes, pieux et de bons messagers de l’Islam”.

Les jeunes qui intègrent le PJD doivent apporter un souffle réformateur en se basant sur un référentiel islamique”, dit-il à ses invités. En plus, ils ne doivent pas être “matérialistes” : “La question qu’il faut poser est pourquoi devenir ministre, si c’est pour avoir un bon salaire ou avoir deux voitures avec chauffeur. Cela est légitime, mais ce n’est pas une fin en soi, car on intègre le parti pour servir la nation”, précise-t-il. Il poursuit : “on peut perdre les élections, mais, cela ne me fait pas peur, car le PJD est un parti politique comme tous les autres, il peut perdre comme il peut gagner. Ce qui me fait peur, en revanche, c’est que les personnes changent et se pervertissent en côtoyant le pouvoir”.

Haltes au dérapage

Sur un ton prédicateur, Abdelillah Benkirane a dénoncé les agissements de certains membres du PJD, sans les nommer. “La plupart de nos frères qui s’occupent de la gestion des affaires locales ont une bonne notoriété, mais certains commencent à déraper et à manquer de respect aux valeurs du parti”, s’indigne l’ex-chef du gouvernement.

L’ancien secrétaire général du PJD a également dénoncé des cas de prévarication et de harcèlement sexuel observés au sein de son parti. “Quand un frère verse dans la corruption, est-ce qu’il est vertueux ? Quand un frère harcèle sa sœur au sein du parti, est-ce qu’il est vertueux ?”, s’insurge Abdelillah Benkirane, avant de poursuivre “Ces membres n’ont aucune place dans le parti. Si vous voulez emprunter la voie de la débauche, quittez le parti ou dites-nous de le faire”.

Dans cette vidéo, Abdellilah Benkirane s’est également attaqué à des membres du PJD qu’il a traité de “bandits” et de “guignols”. À ceux qui n’hésitent pas à manigancer pour “écarter un frère et devenir secrétaire général, député ou ministre, apparaître sur les chaines de TV, ou harceler des femmes étrangères”. Il a tenu, in fine, à les rappeler que le parti de la Lampe “a été créé pour réformer et non pour faire répandre la prévarication”.