La croissance au coeur des préoccupations de Benchaâboun

Le ministre de l’Économie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, prévoit des taux de croissance économique de 3,7% en 2020 et 4% en 2022. Pour y parvenir, il entend  relever le défi de la réduction des dépenses publiques tout en maintenant les équilibres financiers du pays. 

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Mohamed Benchaâboun, ministre des Finances. Crédit: MAP

Le ministre de l’Économie et des Finances Mohamed Benchaâboun a présenté les étapes d’exécution de la loi de finances 2019, ainsi que le cadre général d’élaboration du projet de loi de finances (PLF) 2020, lors du Conseil du gouvernement du jeudi 25 juillet à Rabat. Le ministre prévoit plusieurs mesures à instaurer pour maintenir les équilibres financiers du royaume. Il prévoit également un taux de croissance de 3,7% en 2020, 3,8% en 2021 et 4% en 2022.

Une hausse des recettes

Mohamed Benchaâboun a rappelé de prime abord le contexte international caractérisé par le ralentissement de la croissance économique. Il a noté que le taux de croissance a décéléré à 2,8 % au premier semestre 2019, contre 3,5 % durant la même période en 2018.

Le ministre a également fait mention d’une hausse du produit intérieur brut (PIB) non agricole qui a atteint 3,6 % au premier semestre 2019, contre 3,5 % à la même période une année auparavant. Cette hausse s’explique par la bonne performance des secteurs de la pêche (+8,5%), des mines (+12,4%) et de l’énergie (+5,2%). La performance de ce dernier secteur est le résultat de l’augmentation de la production nationale (+28%), lit-on dans le document.

Devant cette évolution positive du PIB non agricole, le ministre a évoqué un ralentissement de l’activité agricole de 3,2 % contre 4 % au premier semestre de 2018. Face à cette décélération, le ministre a noté que la croissance économique est soutenue par la demande intérieure qui a contribué à hauteur de 3,6 % durant le premier semestre de 2019 au PIB, compte tenu de la hausse de la consommation des ménages et de l’investissement.

Côté dépenses, Mohamed Benchaâboun a souligné qu’à la fin juin 2019, les dépenses de l’État ont augmenté de 4,3 % (+ 4,7 milliards de dirhams) par rapport à 2018, avec un taux de réalisation de 48,8 %, et sont composées notamment de dépenses de personnel (+2,3%), de dépenses de fonctionnement (+7,4%) et des intérêts de la dette (+8,7%).

Maintenir les équilibres financiers

En se basant sur les résultats d’exécution de la loi de finances 2019 à fin juin, le ministre de l’Économie et des Finances prévoit une évolution peu satisfaisante des recettes et dépenses d’État. Ceci pourrait, selon Mohamed Benchaâboun, peser sur les équilibres financiers du pays.

Ce dernier prévoit un recul de 3,7 milliards de dirhams des recettes fiscales par rapport aux prévisions, dont 1,4 milliard de dirhams pour la TVA et 1,6 milliard de dirhams pour les droits d’enregistrement et de timbre. Une accélération des émissions au titre de dépenses d’investissement, ainsi qu’un excédent des comptes spéciaux de la trésorerie moins important que prévu.

Pour remédier à cette évolution des finances publiques, le gouvernement procédera, d’ici la fin de l’année, à la mise en place de plusieurs mesures avec l’objectif de maintenir le déficit budgétaire au même niveau que les prévisions initiales, précise le ministre de l’Économie et des Finances, sans toutefois donner plus de détails.

Des défis pour 2020

Pour l’argentier du royaume, l’élaboration du PLF 2020, ainsi que les deux PLF suivants, doit prendre en considération plusieurs défis relatifs à l’augmentation des dépenses publiques. Il a fait, dans ce sens, allusion au coût du dialogue social dont la répartition annuelle des répercussions financières s’établit à 5,25 millions de dirhams en 2019, 6,07 millions de dirhams en 2020 et 2,9 millions de dirhams en 2021, avec un coût global de 14,25 milliards de dirhams à partir de 2021.

L’augmentation des subventions de la Caisse de compensation est le deuxième défi à relever lors de l’élaboration du PLF 2020. Selon le ministère des Finances, les dépenses prévisionnelles de la caisse de compensation en 2020 s’établissent à 13,6 milliards de dirhams, dont 8 milliards consacrés à la subvention pour le gaz butane, 3,5 milliards au sucre, 1 milliard à la farine et 100 millions de dirhams pour l’appui des provinces du Sud.

Les financements alloués aux régions dans le cadre de la mise en œuvre de la régionalisation avancée connaitront également une hausse pour atteindre 10 milliards de dirhams d’ici 2021, contre 8,5 milliards en 2019 et 9,6 milliards en 2020, précise le ministre dans sa présentation. Il a également souligné la nécessité de poursuivre la dynamique de l’investissement et d’accompagner les différents chantiers stratégiques notamment l’enseignement, la santé, l’habitat, la justice, la réforme des centres régionaux d’investissement (CRI) et les stratégies sectorielles.

Des mesures d’accompagnement

Afin de préserver les équilibres financiers lors des trois prochaines années, l’argentier du royaume a mis l’accent sur l’importance de rationaliser la création des postes budgétaires et des dépenses de fonctionnement de l’administration, et d’accélérer la réforme globale des systèmes de retraite et de poursuivre la réforme graduelle du système de compensation.

Il a également souligné l’impératif de revoir la gestion des investissements publics à travers principalement le recours à des outils de financements innovants et l’amélioration de l’efficacité des investissements en favorisant les projets les plus productifs aux niveaux social et économique.

Au cours de la période 2020-2022, le déficit budgétaire devrait être maîtrisé à hauteur de 3% du Produit intérieur brut (PIB), relève Mohamed Benchaâboun, ajoutant que la croissance devrait atteindre 4% à l’horizon 2022, dans le sillage de la poursuite des stratégies sectorielles, de l’accélération du rythme des réformes structurelles ainsi que de l’amélioration de la demande extérieure destinée au Maroc.

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