Le chantier du port de Safi n’en finit plus de finir. Dans un mémorandum dont TelQuel détient copie, le ministère de l’Équipement d’Abdelkader Amara annonce la décision du gouvernement de reporter une fois encore la livraison de la première tranche des infrastructures au 15 octobre 2020, alors qu’elle était initialement prévue pour septembre 2017.
Au mois de février dernier, le ministre de tutelle avait pourtant annoncé que le port était construit à 98% et que le nouveau port serait « opérationnel avant fin avril prochain après l’achèvement des travaux des quais et sera en mesure d’accueillir les grands bateaux ».
Depuis plus d’un an, le chantier est confronté à une série d’obstacles d’ordre à la fois techniques et administratifs. Le 22 août, le conseil du gouvernement a adopté un projet de décret visant à créer une direction provisoire au sein du ministère de l’Équipement afin « d’accompagner l’exécution des travaux jusqu’à la livraison du port et l’apurement de l’ensemble des marchés », selon le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi.
La direction spéciale supervisera les travaux sur quai principal, « afin de l’étendre de manière à protéger la plate-forme adjacente de l’impact des vagues », et sur la première digue, « afin de l’utiliser temporairement pour réceptionner le charbon ». Le ministère a par ailleurs reconnu que c’est « l’émergence de fissures » dans les fondations sous-marines du quai charbonnier qui avait conduit à « la suspension des travaux de la chaussée et la réalisation d’études complémentaires ».
Un chantier polémique
En février 2018, TelQuel avait révélé que le ministère de l’Équipement ainsi que les sociétés engagées dans la construction du projet avaient tenté de cacher l’apparition de fissures au niveau du quai charbonnier. Pour définir les responsabilités, le ministère avait cependant commandité une expertise technique. « L’expertise préliminaire a démontré que la qualité des matériaux et la mise en œuvre ne sont pas en cause », confiait alors une source proche du dossier. La conception du quai avait ensuite révisé à partir de calculs d’ingénierie plus poussés. Une année plus tard, en février 2019, Abdelkader Amara avait tenté de relativiser le contretemps :« Le retard enregistré dans la réalisation de ce projet est lié au quai charbonnier et peut survenir dans n’importe quel autre port ».
Le quai charbonnier est le pilier stratégique de la première phase de construction du port de Safi. Sa mise en service doit permettre à la centrale thermique de s’approvisionner en charbon à raison de 3,5 millions de tonnes par an, pour atteindre une puissance de production de 1.320 mégawatts (MW).
La seconde phase du projet visera à augmenter l’importation de charbon à 7 millions de tonnes par an, ainsi que d’accompagner le développement des industries chimiques du groupe OCP en assurant un trafic annuel de 14,17 millions de tonnes à l’horizon 2025. La troisième phase prévoit enfin la construction de quais supplémentaires afin d’assurer à OCP une capacité de trafic annuel import/export de 21,95 millions de tonnes d’ici 2040.