Les tensions entre les Etats-Unis de M. Trump et la République islamique sont exacerbées ces derniers mois, dans le sillage du retrait unilatéral américain de l’accord international de 2015 sur le nucléaire iranien, suivi du rétablissement par Washington de fortes sanctions contre Téhéran. Une légère décrispation est toutefois apparue à l’occasion du sommet du G7 ces derniers jours en France, Donald Trump n’écartant pas le principe d’une rencontre avec son homologue iranien.
Commentant cette annonce, Hassan Rohani a néanmoins, à son tour, posé des conditions. La première « étape est de retirer les sanctions. Vous devez retirer toutes les sanctions illégales, injustes et erronées contre la nation iranienne« , a dit mardi matin M. Rohani dans un discours retransmis sur la TV d’Etat.
« La clé d’un changement positif est entre les mains de Washington, car l’Iran a déjà exclu de faire ce qui inquiète le plus les Etats-Unis: la fabrication d’une bombe atomique« , a argué le président iranien. « Si, honnêtement, c’est votre seule préoccupation, celle-ci a déjà été exclue » par une fatwa émise par le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a-t-il avancé.
La récente montée des tensions entre l’Iran et les Etats-Unis, avec des attaques mystérieuses contre des navires dans la région stratégique du Golfe, des drones abattus et des pétroliers saisis, a fait craindre une escalade incontrôlable, alors que le dossier sur le nucléaire empoisonne les relations internationales.
Mais à la question « est-il réaliste que vous rencontriez M. Rohani dans les prochaines semaines?« , posée lundi par la presse en clôture du G7, Donald Trump a répondu par l’affirmative. M. Trump, qui avait dénoncé avec fracas l’accord sur le nucléaire iranien et exerce depuis une « pression maximale » sur l’Iran, a néanmoins conditionné une telle rencontre: que les « circonstances » soient réunies.
La veille, le président français Emmnauel Macron, qui mène une médiation active en vue d’une désescalade, avait signé un coup diplomatique en invitant le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, à Biarritz. Lors d’une conférence de presse au G7 de Biarritz, M. Macron a indiqué que les discussions lors du sommet avaient créé « les conditions d’une rencontre et donc d’un accord » entre les présidents américain et iranien. Il a dit espérer que cette rencontre puisse s’organiser « dans les prochaines semaines« . « Rien n’est fait, les choses sont éminemment fragiles« , a-t-il prévenu.
A Téhéran, le président Rohani s’est dit dès lundi ouvert au dialogue, malgré les critiques de l’aile dure du régime sur la visite de son ministre des Affaires étrangères en France –M. Zarif n’a toutefois rencontré aucun responsable américain durant cette courte étape à Biarritz. « Faites le premier pas« , a martelé mardi le président Rohani. « Sans cette étape, le verrou ne sera pas débloqué« , a-t-il prévenu, lors de ce discours prononcé dans le cadre de l’inauguration d’un projet immobilier à Téhéran.
L’accord de Vienne sur le nucléaire reposait sur une levée des sanctions visant l’Iran en échange de l’engagement iranien de ne pas se doter de l’arme nucléaire. Mais, après la rétablissement de lourdes sanctions américaines affectant largement l’économie de la République islamique, Téhéran a riposté en rompant avec des engagements pris aux termes de l’accord, et il menace de continuer à le détricoter s’il n’obtient pas de contreparties.
Les Européens tentent de convaincre Donald Trump de desserrer l’étau des sanctions sur le pétrole iranien en échange d’un retour de Téhéran au respect de ses engagements et de l’ouverture de négociations pour renforcer l’accord de Vienne et encadrer le programme balistique iranien. Dans son discours de mardi, M. Rohani a encore pressé les Etats-Unis de « revenir aux engagements » pris par l’administration de Barack Obama dans le cadre de l’accord nucléaire.
« Nous cherchons à résoudre les problèmes d’une manière rationnelle, mais nous ne cherchons pas des « pauses photos« . Pour tous ceux qui veulent prendre une photo avec Hassan Rohani, cela n’est pas possible« , a-t-il dit. La rencontre possible entre Rohani et Trump a été dénoncée comme « une occasion de pause photo » mardi à la Une du journal Javan, proche des Gardiens de la Révolution iraniens. MM. Rohani et Trump doivent être à New York pour l’Assemblée générale de l’ONU fin septembre, ce qui pourrait constituer une étape pour les pourparlers envisagés.