Détenus du Hirak : Après le constat du CNDH, la riposte de la DGAPR

Par communiqués interposés, la DGAPR et le CNDH se sont écharpés sur les derniers événements dans la prison de Ras El Ma de Fès, marqués par des mesures disciplinaires à l’encontre des détenus du Hirak et une grève de la faim, suspendue le 12 novembre dernier.

Par

Mohamed Salah Tamek, délégué général à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), et Amina Bouayach, présidente du CNDH.

Le Hirak du Rif continue de jeter de l’huile sur le feu entre les institutions. Après le feuilleton CNDH-DGSN à l’été 2017, marqué par des fuites dans la presse d’un rapport sur les allégations de torture des détenus rifains, le torchon brûle cette fois-ci entre le Conseil national des droits de l’Homme, présidé par Amina Bouayach, et la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR).

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Dans la soirée du 13 novembre, l’institution présidée par Mohamed Salah Tamek fustige les conclusions de la délégation du CNDH et du médecin légiste, publiées plus tôt dans la matinée. Par le biais d’un communiqué parvenu à TelQuel, auquel sont jointes des photos d’agents pénitenciers, la DGAPR regrette que le Conseil qualifie l’incident entre ces derniers et les détenus d’“altercation”, ayant résulté “en quelques ecchymoses sur le corps des deux détenus, et la prescription d’un arrêt de travail pour les agents”. Puis de l’accuser de défendre les détenus au détriment de ses agents, ayant reçu “des attestations médicales légales d’établissements hospitaliers publics attestant de la violence qu’ils ont subie de la part des détenus concernés”.

C’est qu’aux yeux de la DGAPR, il s’agit de “détenus qui doivent légalement exécuter les ordres émanant de fonctionnaires représentant l’autorité de la direction de l’établissement”. Ainsi, l’administration pénitentiaire y voit “une grave violation menaçant la sécurité de l’établissement et la sécurité de ses pensionnaires et employés”. Elle reproche en outre à la délégation du CNDH, dépêchée les 7 et 8 novembre derniers, de n’avoir “mené aucune investigation en vue de s’assurer de l’étendue des dommages subis par [ses] fonctionnaires”. Pour les services de Mohamed Salah Tamek, il s’agit d’un “mépris incompréhensible” pour le droit des fonctionnaires à être considérés et protégés.

Si le CNDH avait constaté “l’état déplorable des cellules disciplinaires qui ne disposent ni d’éclairage, ni d’aération” dans les prisons de Toulal 2 et Ain Aicha, l’administration pénitentiaire, elle, reproche aux médias ayant relayé le communiqué du Conseil de ne pas avoir mentionné les autres cellules disciplinaires qui remplissent les conditions requises.

 

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