De nouvelles preuves de la répression menée par la Chine contre les Ouïghours

Le New York Times a publié, le 16 novembre, des documents révélant la stratégie de l’Etat chinois pour réprimer les Ouïghours. Une révélation qui confirme les observations d’activistes des droits humains.

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Le président de la République Populaire de Chine Xi Jinping. Crédit: AFP

Le président chinois Xi Jinping a donné l’ordre dès 2014 d’être “sans aucune pitié” contre le terrorisme et le séparatisme dans la région à majorité musulmane de Xinjiang, selon des documents internes au régime communiste révélés par le New York Times, samedi 16 novembre.

Preuves à l’appui

Les plus de 400 pages de documents secrets publiés ce week-end par le prestigieux quotidien américain offrent un très rare aperçu des mécanismes à l’œuvre au Xinjiang, en réaction à des attentats attribués à des indépendantistes ouïghours.

Selon le New York Times, cette énorme fuite laisse à penser que la politique suivie au Xinjiang ne fait pas l’unanimité au sein du pouvoir chinois. Les documents ont en effet été transmis par un membre de l’appareil, qui a émis l’espoir qu’ils empêchent le régime, y compris le président, “d’échapper à sa culpabilité pour les détentions généralisées” dans cette région.

Les documents comprennent entre autres un discours secret de Xi Jinping de 2014, dans lequel le président chinois appelle à lutter “sans aucune pitié” contre “le terrorisme, l’infiltration et le séparatisme” en recourant “aux armes de la dictature démocratique populaire”. Ce discours a été distribué à partir de 2016 aux hauts fonctionnaires locaux pour justifier la répression, avec l’ordre de “rafler tous ceux qui doivent l’être”.

Camps déguisés

D’après des organisations de défense des droits de l’Homme, plus d’un million de musulmans, principalement d’ethnie ouïghoure, sont en détention dans cette vaste région du nord-ouest de la Chine, à la suite d’une campagne de répression contre le terrorisme et l’islamisme engagée ces dernières années.

Pékin dément ce chiffre d’un million de personnes en détention dans des camps de rééducation politique, préférant parler de “centres de formation professionnelle” destinés à lutter contre la radicalisation islamiste.

Parmi les documents cités par le New York Times, figure un “guide” destiné à répondre aux questions des étudiants qui rentreraient au Xinjiang et s’interrogeraient sur le sort de membres de leur famille placés en détention.

Les fonctionnaires sont invités à répondre que ces proches n’ont pas commis de crime mais ont été contaminés par le “virus” de l’extrémisme et doivent suivre un traitement “avant que la maladie ne dégénère”.

Ne vous inquiétez pas si des forces hostiles pleurnichent ou salissent l’image du Xinjiang”, avertissait-il dès mai 2014, selon le journal.

Justifications de Pékin

En réaction, la Chine a accusé, ce lundi 18 novembre, le New York Times d’avoir utilisé des documents “hors contexte”, après la fuite d’archives concernant la politique du régime communiste dans la région à majorité musulmane du Xinjiang.

Interrogé sur la fuite du New York Times, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a justifié la politique suivie par Pékin dans la région, affirmant que “plusieurs milliers” d’actes terroristes y avaient été commis jusqu’à fin 2016.

C’est précisément parce qu’une série de mesures antiterroristes préventives ont été prises à point nommé qu’il n’y a plus eu d’attentats au cours des trois dernières années”, s’est-il félicité.

“Non seulement le New York Times ignore les faits, mais en plus il utilise des méthodes douteuses consistant à sortir des éléments de leur contexte afin de publier de soi-disant documents internes et calomnier les efforts de déradicalisation et d’antiterrorisme au Xinjiang”, a martelé le porte-parole.

 

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