Iran : 40 morts dans une bousculade lors des funérailles de Soleimani

Une bousculade a fait ce 7 janvier au moins 40 morts lors des funérailles du général iranien Qassem Soleimani dans le sud-est de l’Iran.

Par

Le cortège funèbre de Qassem Soleimani et ses compagnons d'arme, à Téhéran, le 6 janvier. Crédit: Atta KENARE / AFP

Ce mardi 7 janvier, au sud-est de l’Iran, la foule réclamait vengeance aux cris de “Mort à l’Amérique”, pendant l’hommage au militaire Qassem Soleimani tué en Irak par une frappe américaine. Lors d’une bousculade dans le cortège funèbre, “230 personnes ont été blessées et 40 autres ont perdu la vie”, a déclaré sur la télévision d’Etat Pir Hossein Koulivand, chef du service national des urgences, dans un dernier bilan.

Chagrin meurtrier

Le directeur de l’hôpital Bahonar, dans le centre-ville de Kerman, ville natale du général, a indiqué avoir reçu 13 corps. Une famille en deuil attendait dans le hall, où la liste des noms des victimes reçues par l’établissement était affichée.

Le centre de Kerman, où le général sera enterré, était envahi par une marée humaine semblable à celles ayant déferlé les 5 et 6 janvier à Téhéran et dans les autres villes où les cercueils de Soleimani et de ses compagnons d’armes tués avec lui ont transité pour un hommage populaire.

Chef de la Force Qods, unité d’élite chargée des opérations extérieures des Gardiens de la Révolution (l’armée idéologique iranienne), Soleimani était l’architecte de la stratégie de l’Iran au Moyen-Orient. Il a été tué vendredi 3 janvier par une frappe de drone américain devant l’aéroport de Bagdad.

Le processus d’“expulsion des États-Unis de la région a commencé”, a lancé à la foule de Kerman le général de division Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens de la Révolution. “Nous allons nous venger (…) S’ils (frappent de nouveau), nous mettrons le feu à ce qu’ils adorent”, a-t-il dit sur un ton énigmatique. “Eux-mêmes savent bien de quels lieux je parle.

“Terroristes”

Le Parlement iranien a pour sa part adopté ce 7 janvier en urgence une loi classant toutes les forces armées américaines comme “terroristes” après l’assassinat de Soleimani. Il a pour ce faire amendé une loi récente qui déclarait “terroristes” les forces américaines déployées de la Corne de l’Afrique à l’Asie centrale en passant par le Moyen-Orient. La dénomination est désormais étendue à l’ensemble des forces américaines, aux responsables de l’assassinat de Soleimani et à toute personne physique ou morale impliquée dans sa mort.

Le martyr Qassem Soleimani est plus puissant et vivant maintenant qu’il est mort”, et “plus dangereux pour l’ennemi”, a assuré le chef des Gardiens devant les cercueils du général et de son bras droit, le général de brigade Hossein Pourjafari, exposés parmi des gerbes de fleurs sur la place Azadi de Kerman.

Élevé à titre posthume au grade de général de corps d’armée, inusité depuis des années en Iran, Soleimani est largement considéré dans son pays comme un héros pour le combat qu’il a mené contre les jihadistes du groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie. Cela a permis, aux yeux des Iraniens, à leur nation multiethnique d’éviter la désintégration qu’ont connue à ses portes l’Irak, la Syrie ou l’Afghanistan.

Appels à la désescalade

Soleimani “était aimé non pas simplement à Kerman ou en Iran, mais dans le monde entier”, assure à l’AFP Hemmat Dehghan. “Le monde entier, les musulmans, les chiites, l’Irak, la Syrie, l’Afghanistan et tout particulièrement l’Iran, tous lui doivent beaucoup pour leur sécurité”, ajoute cet ancien combattant de 56 ans, affirmant être venu de Chiraz, à plus de 500 km.

Depuis l’assassinat de Soleimani, la communauté internationale redoute une nouvelle déflagration majeure au Moyen-Orient. Alors que les principaux dirigeants civils, religieux et militaires iraniens annoncent une vengeance terrible, les appels à la “désescalade” se multiplient de par le monde.

Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif, qui devait assister jeudi à une réunion du Conseil de sécurité à l’ONU, à New York, a indiqué avoir été informé par le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres que les États-Unis lui avaient refusé son visa. Les ministres français, allemand, italien, britannique des Affaires étrangères se réunissent ce 7 janvier à Bruxelles pour évoquer les conséquences de l’élimination de Soleimani.

Dans ce climat hypertendu suivant des mois de pression entre Washington et Téhéran, sur fond d’escalade militaire dans le Golfe et de tensions autour de la question nucléaire iranienne, les États-Unis ont créé la confusion le 6 janvier en transmettant par erreur aux autorités irakiennes une lettre annonçant des préparatifs en vue du retrait de leurs soldats déployés en Irak.

La lettre faisait référence à un vote, le 5 janvier, du Parlement irakien exhortant le gouvernement à expulser les troupes étrangères d’Irak après la colère provoquée dans ce pays par la frappe ayant tué le général Soleimani. Mais le ministre américain de la Défense Mark Esper l’a assuré dans une mise au point devant la presse : “Aucune décision n’a été prise de quitter l’Irak. Point.”