L'accord de libre-échange Maroc-Turquie va être revu

En visite à Rabat ce 15 janvier, la ministre turque du Commerce, Ruhsar Pekcan, a discuté de l’accord de libre-échange Maroc-Turquie avec le ministre de l’Industrie. Décrié par Moulay Hafid Elalamy, l’accord mettrait en péril le secteur national du textile et afficherait une balance commerciale déficitaire pour le Maroc de près de 2 milliards de dollars.

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Le ministre de l’Industrie a déclaré, au sortir de cette réunion, être parvenu à un accord avec la Turquie pour reconsidérer l’ALE qui rapproche les deux pays. Crédit: Rachid Tniouni/TelQuel

Dans le cadre de la réunion du comité mixte de l’accord de libre-échange (ALE) Maroc-Turquie, la ministre du Commerce turque, Ruhsar Peckan, a rencontré ce mercredi 15 janvier le ministre de l’Industrie Moulay Hafid Elalamy, en compagnie d’une délégation d’entreprises.

Une occasion pour revenir sur les termes d’un accord tant décrié par MHE, décrit comme nuisible à la balance commerciale marocaine et impactant principalement l’industrie du textile. En effet, depuis l’entrée en vigueur de l’accord en 2006, le déficit commercial est passé de 4,4 milliards à 16 milliards de dirhams, comme l’indique l’Office des changes.

Le Maroc et la Turquie ont convenu, mercredi à Rabat, de revoir les conditions de leur Accord de libre-échange actuel pour un commerce « plus équilibré, plus important et de bonne qualité« , selon la déclaration conjointe rendue publique à l’issue d’une rencontre d’affaires, initiée en marge de la 5ème session du comité mixte de suivi de l’Accord de libre-échange Maroc-Turquie. Les deux pays se sont également mis d’accord pour initier immédiatement un travail sur les sujets convenus lors des travaux de cette réunion et évaluer le progrès enregistré jusqu’au 30 janvier 2020.

Une question d’équilibre

La ministre du commerce turque avait annoncé le 29 août 2019 que le Maroc faisait partie d’une liste de 17 pays cibles sur lesquels allait se diriger le “Plan directeur d’exportation”. “Nous avons sélectionné cinq secteurs cibles : les machines, l’automobile, l’électro-électronique, la chimie et l’agroalimentaire”, explique le communiqué du ministère du Commerce de la République de Turquie.

Le 28 novembre 2019 déjà, le ministre de l’Industrie pointait lors du 35e sommet du Comité permanent de la coopération économique et commerciale de l’Organisation de la coopération islamique (COMCEC) à Istanbul, “la nuisance de cet accord sur l’économie marocaine”.

Le 13 janvier dernier, MHE réitérait sa volonté de renégocier l’ALE devant le Parlement à Rabat, signalant que l’accord faisait perdre 2 milliards de dollars par an à l’économie nationale. Le ministre a de nouveau souligné le fait que le secteur du textile en souffrait le plus, et que cet accord “détruisait des emplois dans ce secteur industriel”.

L’ALE vu de l’intérieur

Ce qui est clair pour tous, c’est qu’il ne s’agit pas d’un accord de libre-échange. La base d’un ALE, c’est la réciprocité. Les conditions doivent être créées pour faire du business dans les deux sens », réagit un acteur du secteur du textile contacté par TelQuel sous le sceau de l’anonymat. Or, la Turquie applique un ensemble de barrières dites non-tarifaires, à savoir toutes les contraintes que l’on peut imaginer quand on supprime les droits et taxes”.

Selon notre interlocuteur, “les douanes turques retardent le plus possible les dédouanements et effectuent d’innombrables tests ». Et de déplorer : En Turquie, les délais de dédouanement sont de trois mois en moyenne sur les marchandises marocaines,  alors que sur les marchandises turques au Maroc, on parle de quelques heures. »