Chronique d’un confinement. Jour 5

Confinée dans son appartement parisien, notre chroniqueuse Fatym Layachi nous fait le récit quotidien d’une vie entre quatre murs.

Par

Jour 5. J’ai lavé mes tapis. J’ai lavé mes cheveux. J’ai lavé mon réfrigérateur. Et je n’ai pas réussi à laver toutes mes angoisses.

JOUR 5

Samedi 21

Aujourd’hui c’est le printemps. Il fait un temps pourri. Mais c’est le printemps.

Alors j’ai fait du nettoyage. Du nettoyage de printemps donc.

Aujourd’hui je lave. J’ai lavé mes draps. J’ai lavé ma couette. J’ai lavé le sol. J’ai lavé les housses de mon canapé. J’ai lavé mes baskets. J’ai lavé mes chiottes. J’ai lavé mes tapis. J’ai lavé mes cheveux. J’ai lavé mon réfrigérateur. Et je n’ai pas réussi à laver toutes mes angoisses.

Je ne sais pas si on en sortira grandi de tout ni même si on en sortira. Mais si on s’en sort, ça sera dans des apparts propres.

Aujourd’hui je ne sors pas. Je n’ai rien à faire d’indispensable dehors. Alors je ne sors pas.

Je vois des images de gens agglutinés devant des gares espérant prendre un train. Je les imagine se postillonner dessus. Ça me révolte encore plus que ça m’écœure.

Un mec avec qui je bosse m’a envoyé ça :

“Ces jours qui te semblent vides

Et perdus pour l’univers

Ont des racines avides

Qui travaillent les déserts.”

C’est de Paul Valery et j’ai trouvé que ça ouvrait des perspectives de réflexion intéressantes.