Chronique d’un confinement. Jour 16

Confinée dans son appartement parisien, notre chroniqueuse Fatym Layachi nous fait le récit quotidien d’une vie entre quatre murs.

Par

Jour 16

Mercredi 1er avril

Comme la semaine dernière, j’ai décidé que le mercredi, ça serait poésie.

Parce que les mots peuvent apaiser, rassurer, faire rêver ou faire grandir.

Parce que la littérature permet parfois de mieux lire le monde.

Donc mercredi, poésie !

Oraison funèbre pour une femme sans importance

“Elle nous quitta sans que blêmisse une joue ou frémisse une lèvre

Les portes n’entendirent personne rapporter le récit de sa mort

Aucun rideau de fenêtre suintant le chagrin

Ne se leva pour suivre son cercueil des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse

Dehors de rares personnes s’émurent de son souvenir

La nouvelle se perdit dans les ruelles sans que se répande son écho

Et se réfugia dans l’oubli de quelques fosses

La lune déplora ce malheur

La nuit n’y porta aucune attention et se rendit au jour

Alors vint la lumière avec les clameurs de la laitière, le jeûne,

Le miaulement d’un chat affamé n’ayant que la peau sur les os,

Les querelles des marchands, l’amertume, la lutte,

Les enfants se jetant des pierres d’un bout à l’autre de la rue,

Les eaux souillées dans les rigoles et les vents jouant seuls aux portes des terrasses dans un oubli presque total.”

Nazik Al Malaika

Traduit de l’arabe par Abdul Kader El Janabi