Ils attendent ça depuis 1990. Liverpool, 25 points d’avance sur Manchester City lors du gel du classement de Premier League, était quasiment certain de remporter son premier titre en 30 ans.
Aujourd’hui, les supporters craignent de le voir s’envoler. Mais le patron de l’UEFA Aleksander Ceferin l’a assuré : “Il est impossible que Liverpool termine sans le titre. Si les matchs sont joués, alors il le gagnera presque certainement (…). Dans le cas où les matchs ne pourraient pas être joués, nous devrons trouver un moyen et un critère sur la base desquels les résultats seront déclarés et les gagnants désignés.”
Saison blanche
Ainsi, même si l’UEFA fait tout pour l’empêcher, l’arrêt définitif de la saison est, de fait, une possibilité, alors que le confinement est mis en place dans les grands pays du football européen depuis le début du mois de mars. Et dans ce cas, c’est l’option du classement actuel acté comme définitif qui pourrait l’emporter sur le scénario d’une saison blanche, purement et simplement annulée.
Cette option revêt, comme toutes les autres, des difficultés importantes. Car si, en Angleterre avec Liverpool ou encore en France avec le PSG — qui compte 12 points d’avance sur Marseille —, les champions semblent tout désignés, ce n’est pas le cas ailleurs. En Allemagne, Dortmund est deuxième à quatre longueurs du Bayern Munich. En tête en Espagne, Barcelone ne compte que deux points de plus que le Real Madrid.
Encore plus serré en Italie, où la Juventus n’a qu’un point d’avance sur la Lazio, en droit de rêver à un scudetto levé seulement deux fois en 120 ans d’histoire. Le président laziale Claudio Lotito est d’ailleurs le chef de file du groupe des pro-reprise en Italie, pays le plus meurtri par l’épidémie de Covid-19, avec près de 20.000 morts au dernier bilan samedi, et dont la population doit se confiner jusqu’au 3 mai minimum.
Déception
En cas de classement actuel rendu définitif, les clubs hors des places qualificatives en Coupe d’Europe mais encore en lice pour les accrocher seraient également dans le camp des déçus. C’est le cas en Angleterre de Tottenham, finaliste de la Ligue des champions l’an passé, battu par Liverpool, mais seulement 8e de Premier League, juste devant Arsenal, autre habitué de l’Europe qui en serait exclu.
En France, l’Olympique lyonnais, aujourd’hui 7e de Ligue 1, dirait également au revoir pour un an au moins aux compétitions européennes. Une première depuis 1995 pour le club. Son influent président Jean-Michel Aulas ne s’y trompe pas et a très rapidement évoqué l’idée d’une “saison blanche”.
“Il y a plus d’incertitudes aujourd’hui (…), les chances de terminer tous les matches sont plus faibles”, a-t-il expliqué dernièrement. En Espagne, l’Atletico Madrid quitterait la Ligue des champions, qu’il dispute sans discontinuer depuis 2013-14, souvent avec brio. Autres clubs qui regretteraient de ne pas avoir mieux joué plus tôt, ceux en position de relégables.
Club “losers”
Ainsi en Premier League, Bournemouth compte autant de points que Watford (premier non-relégable) et n’est en position de relégable qu’à la différence de buts inscrits, mais pourrait bien descendre. Tout comme Aston Villa, seulement deux points plus bas. Même situation que Bournemouth en Italie, avec Lecce, à égalité de points avec Genoa mais bien dans le trio de fond et donc virtuellement en Serie B.
En Espagne, Majorque n’a qu’un point de moins que le premier non relégable… Ces situations de clubs “losers” en cas d’arrêt définitif ne manquent pas et pourraient mener à une multiplication des contentieux et recours juridiques. Mais tous en pâtiraient économiquement. Le président de la Ligue espagnole Javier Tebas parle ainsi d’“un milliard d’euros” de perte pour son championnat, si la saison ne reprenait pas.