Khalid Naciri: "Abderrahmane Youssoufi avait la capacité de donner du sens à la vie politique"

Cadre du PPS, ancien ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri évoque sa première rencontre avec Abderrahmane Youssoufi, décédé ce 29 mai. Il décrit également l'homme d'Etat qu'il était devenu.

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Khalid Naciri Crédit: Yassine Toumi / TELQUEL

Il a laissé une grande place dans l’espace socio-politique marocain. Il a traversé le XXe siècle de bout en bout et a laissé les traces indélébiles, celle d’une grande donnée historique à laquelle la nation marocaine peut rarement donner naissance.

Je l’ai connu en 1969 à Belgrade. J’étais un jeune de 23 ans. Lui représentait l’UNFP au congrès de la Ligue des communistes de Yougoslavie à l’époque du maréchal Tito. Et moi le PLS, avec Abdallah Ayachi. J’avais déjà découvert un homme à la stature humaine et humaniste exceptionnelle et nos relations n’ont fait que se consolider depuis.

C’est ce que j’ai pu constater de très près au gouvernement qu’il dirigeait. A l’époque, j’étais directeur de l’ISA  (Institut supérieur d’administration) dont il était l’autorité de tutelle et j’avais donc souvent affaire à lui. Il avait une grande capacité à comprendre les complexités du présent, en étant persuadé que ce qu’on attend d’un homme d’Etat, et il en était un, c’est non pas de complexifier les choses simples, mais de simplifier les choses complexes.  Ce qui je retient aussi de lui, c’est sa capacité à donner du sens à la vie politique.

Je lui ai rendu visite à l’hôpital à Casablanca, quelques mois avant ma venue à Amman en tant qu’ambassadeur. J’avais découvert un homme d’une grande sérénité, toujours l’œil malicieux et capable de sourire des difficultés. Une qualité exceptionnelle qui caractérise le défunt et qui marque le parcours historique de la nation. Il était militant au vrai sens du mot.