Othman El Ferdaous au chevet des salles de cinéma

Sur ses réseaux sociaux, canal de communication qu’il favorise, le ministre de la Culture, Othman El Ferdaous, a annoncé que 10 millions de dirhams allaient être mobilisés pour venir en aide aux salles de cinéma. De quoi parer dans un premier temps aux effets dévastateurs du coronavirus sur le secteur, avant de s’atteler aux chantiers structurels.

Par

Le ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, Othman Ferdaous. Crédit: Rachid Tniouni/TelQuel

Une éclaircie pour les salles obscures. Le ministre de la Culture et dernier nommé au gouvernement, Othman El Ferdaous, a annoncé qu’une enveloppe prévisionnelle de 10 millions de dirhams allait être allouée aux salles de cinéma pour venir en aide à un secteur sinistré et plongé dans le doute depuis la mise sous cloche du pays.

Une aide que le ministre a annoncée sur les réseaux sociaux ce 1er juillet et qui devrait permettre, dans un premier temps, de régler les différentes charges fixes des salles de cinéma pour la période de mars à juin, “n’ayant pu être amorties du fait de la crise sanitaire”.

Si, pour l’heure, aucune date de réouverture n’a été annoncée, Othman El Ferdaous a également fait l’annonce du versement d’une prime exceptionnelle aux exploitants. Équivalent à un mois de chiffre d’affaires, le coup de pouce permettra “d’accompagner la reprise d’activité” et surtout de maintenir les salles ouvertes “au moins 18 mois”.

De quoi redonner un peu d’air à un secteur confronté à un équilibre économique déjà fragile avant que la vague coronavirus ne vienne l’aggraver. D’autant que les inconnues restent nombreuses, entre production en berne en amont de la chaîne et attente d’un public encore incertain.

Bien public

Comme à l’accoutumée, c’est sur le compte Facebook du ministre qu’il fallait guetter ces premières mesures d’aide à un secteur “qui n’est pas qu’un segment de l’industrie culturelle”, mais un “écosystème complet qui englobe et fait vivre plusieurs métiers (musique, théâtre, écriture…)”.

Fermées depuis le 16 mars, les 30 salles de cinéma que compte le Royaume font encore partie des quelques lieux “non-indispensables” qui n’ont toujours pas rouvert leurs portes. Une reprise conditionnée au feu vert des autorités sanitaires et de l’Intérieur, aux commandes depuis le début de la crise.

Les salles de cinéma sont en particulier un bien public qu’il faut sauvegarder”, considère Othman El Ferdaous. Et d’ajouter : “Elles constituent le maillon central de l’industrie cinématographique, et leurs recettes ont été très fortement atteintes par la crise sanitaire (billetterie, publicité, locations de salles et confiserie).”

C’est ainsi que plus tôt, entre avril et juin, le Centre cinématographique marocain (CCM) a procédé au paiement de quelque 6,5 millions de dirhams en faveur de 11 projets de production cinématographique. Parmi ces projets, le ministre évoque la numérisation d’une salle de Cinéma à Tanger, pour un montant de 450.000 dirhams.

Compromise pour cette année 2020, la saison des festivals de cinéma a aussi fait l’objet de l’attention du ministère, qui compte allouer une enveloppe de 2 millions de dirhams. Une mesure de soutien à des manifestations culturelles qui “font vivre les petites salles, jouent un rôle clef dans le maintien d’un cinéma de niche” et constituent le “vecteur de transmission de la culture cinématographique”.

Résilience

Par ces mesures et subventions, l’accent semble placé sur “la résilience” des salles de cinéma et du secteur cinématographique, du moins à court terme. “Ces mesures d’urgence ne concernent que la partie conjoncturelle de la crise, explique-t-il. Des réformes à plus moyen et long termes sont à l’étude afin de répondre à la composante structurelle des difficultés que connaît ce secteur, dont les synergies potentielles avec l’audiovisuel et les nouvelles technologies demeurent importantes.”

“Une campagne de communication sera lancée afin de sensibiliser les citoyens à la reprise d’activité des salles de cinéma et à la promotion du cinéma national”

Othman El Ferdaous

Confrontées depuis de nombreuses années à un équilibre précaire, celles-ci sont dans l’expectative à l’aube de retrouver un public dont on ne sait encore s’il répondra présent. La faute à une distanciation sociale de vigueur, mais aussi à un nouveau tournant dans la pratique culturelle. C’est qu’à l’ère du coronavirus, ce sont les plateformes de streaming qui sont sorties grandes gagnantes, draguant les cinéphiles confinés et pouvant modifier, sur la durée, les habitudes de consommation des salles de cinéma.

Des salles obscures auxquelles le ministre semble attacher une importance particulière, insistant sur leurs dimensions de socialisation et de “médiation culturelle importante pour l’équité territoriale”. “Une campagne de communication sera lancée afin de sensibiliser les citoyens à la reprise d’activité des salles de cinéma et à la promotion du cinéma national”, a annoncé le ministre. D’autant que les tournages et productions cinématographiques, qui mobilisent de nombreuses personnes, sont encore à l’arrêt, mesure de restriction des rassemblements oblige.

à lire aussi

Ce communiqué intervient au lendemain d’une allocution devant la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants. Othman El Ferdaous avait évoqué une enveloppe totale de 50 millions de dirhams aux secteurs artistiques et de l’édition, pour lesquels il a également annoncé vouloir remettre de l’ordre. “Nous avons trouvé des dossiers qui dataient de 2016, a-t-il pointé. La moindre des choses est de respecter les acteurs du secteur. Les subventions ne sont encaissées que quatre ans après.

Dans le détail, 11 millions de dirhams seraient alloués au profit de l’ensemble des acteurs culturels, notamment les auteurs, les éditeurs et les acteurs associatifs. De l’autre côté, une enveloppe de 39 millions de dirhams servira au lancement d’appels d’offres pour le soutien aux projets artistiques. Quelques jours plus tôt, le 26 juin, le ministre avait également annoncé un plan de sauvetage de la presse d’une valeur de 205 millions de dirhams.