Le gouvernement relance Amnesty après ses accusations d’espionnage

Le chef du gouvernement Saad-Eddine El Othmani a adressé une lettre à Amnesty International en insistant pour que l’organisation présente des “preuves matérielles” étayant son rapport selon lequel le Maroc a piraté le téléphone d’un journaliste avec un logiciel espion, a annoncé jeudi un communiqué officiel.

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Point de presse conjoint en réponse au rapport d'Amnesty International. Crédit: MAP

À défaut, le royaume “prendra les mesures nécessaires pour défendre sa sécurité nationale” et “éclairer l’opinion publique” sur ces “allégations”, indique le communiqué relayé par l’agence marocaine de presse MAP. Amnesty affirme dans son rapport que le téléphone du journaliste et militant Omar Radi a été espionné via le logiciel Pegasus de la firme israélienne NSO, utilisé selon l’organisation par les autorités marocaines.

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La semaine dernière, les autorités marocaines ont convoqué le directeur local d’Amnesty International en lui demandant de fournir des preuves sur ces “accusations graves et tendancieuses”, mais sans obtenir de réponse. Faute de preuves, cela relève “d’une campagne de diffamation internationale injuste” dictée par “un agenda n’ayant aucun lien avec la défense des droits de l’Homme”, affirme le communiqué, qui dénonce l’“acharnement systématique et continu” d’Amnesty “contre les intérêts du Maroc”.

En outre, le Maroc assure “ne pas disposer de la technologie de NSO”, comme l’a dit à l’AFP jeudi un haut responsable gouvernemental, sous couvert d’anonymat. La justice marocaine a annoncé la semaine dernière avoir ouvert une enquête sur Omar Radi, qu’elle suspecte de bénéficier de “financements de l’étranger” en lien avec des “services de renseignement”. Selon le communiqué publié jeudi, le journaliste est “soumis à une enquête judiciaire pour atteinte présumée à la sécurité de l’État, en raison de ses liens avec un officier de liaison d’un pays étranger” qui a travaillé “sous couvert diplomatique depuis 1979 dans plusieurs régions de tensions” dans le monde.

Le journaliste avait affirmé la semaine dernière à l’AFP que l’action judiciaire avait “un lien direct” avec le rapport d’Amnesty, en qualifiant de “ridicules” les accusations le visant. Il a depuis été convoqué deux fois par la police judiciaire. En mars, il avait été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir critiqué un juge sur Twitter. Amnesty avait publié en octobre un premier rapport sur l’espionnage des téléphones de deux militants marocains via le même logiciel Pegasus.