Le FMI recommande au Maroc de réduire le ratio dette publique par rapport au PIB à partir de 2022

Une équipe des services du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Roberto Cardarelli a mené une mission à distance du 19 octobre au 2 novembre 2020 dans le cadre des consultations de 2020 au titre de l'article IV des statuts du Fonds avec le Maroc. Voici l'essentiel des conclusions de ces consultations.

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Le siège du FMI à Washington

La croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait rebondir à 4,5% en 2021, sous l’hypothèse que les effets de la sécheresse et de la pandémie s’estompent, mais cette projection de référence est sujette à de considérables risques baissiers.

– Sous l’effet combiné de la sécheresse et de la pandémie du COVID-19, le PIB devrait se contracter dans une fourchette de 6 à 7 % en 2020 en fonction de l’évolution de cette pandémie.

– Les déficits budgétaire et extérieur devraient se creuser, du fait de la baisse des recettes fiscales et le recul des recettes en devises tirées du tourisme, respectivement.

– La résilience des transferts des Marocains résidant à l’étranger et la baisse des importations ont limité les besoins de financement extérieur du Maroc, et les réserves internationales restent largement supérieures à leur niveau de l’an dernier, notamment grâce au tirage au titre de la ligne de précaution et de liquidité du FMI en avril dernier et à l’intensification des efforts de mobilisation des financements extérieurs.

– La politique budgétaire a été assouplie de manière appropriée en 2020. Les recettes fiscales ont diminué nettement et les autorités ont accru les dépenses publiques et révisé leur composition pour réduire au minimum les répercussions économiques et sociales de la crise.

– La loi de finances 2021 entend continuer à soutenir la reprise au cours des prochaines années, principalement par la relance de l’investissement et la réforme du système de protection sociale récemment annoncée par les autorités. Les services du FMI saluent l’intention des autorités de soutenir la reprise en 2021.

– Le processus de rééquilibrage budgétaire doit être progressif et ne devrait être entrepris que lorsque la reprise économique sera solide. Les services du FMI, tout en reconnaissant l’incertitude exceptionnelle qui entoure le calendrier et le rythme de la reprise, recommandent dans leurs projections de référence de commencer à réduire le ratio dette publique par rapport au PIB à compter de 2022.

– Une reprise économique plus lente que prévu exigerait de repousser l’ajustement budgétaire. Des mesures visant à élargir l’assiette de l’impôt et à accroître la progressivité du système fiscal, de nouvelles réformes de l’administration publique qui rationaliseraient les dépenses et le programme de privatisation des autorités contribueraient à reconstituer les marges de manœuvre budgétaire, tout en finançant l’expansion des programmes de protection sociale.

– Les services du FMI notent avec satisfaction la politique monétaire accommodante qui est menée et considère que celle-ci devrait être poursuivie jusqu’à ce que l’inflation commence à augmenter. Bank Al-Maghrib envisage d’utiliser tous les outils à sa disposition pour contribuer à limiter l’impact économique si les risques liés à la résurgence de la pandémie se matérialisaient.

– Une plus grande flexibilité du régime de change va bénéficier à l’économie marocaine en préservant les réserves et la compétitivité et en renforçant sa capacité d’absorption des chocs externes. Les autorités sont en train d’assurer un suivi étroit des conditions de déroulement de la transition et d’approfondir les études sur tous les volets pour juger du moment opportun pour entamer une nouvelle phase.

– Les banques ont été relativement résilientes face à la pandémie, grâce à leurs niveaux initiaux relativement élevés de fonds propres et de liquidité et à la riposte vigoureuse de BAM.

– Les services du FMI notent avec satisfaction que BAM a décidé de demander aux banques d’accroître leurs provisions et de suspendre la distribution de dividendes cette année afin de se prémunir contre une détérioration éventuelle du portefeuille des crédits bancaires dans un avenir proche.

– Il est essentiel de faire avancer le programme de réformes structurelles pour solidifier la reprise après la pandémie et atteindre une croissance plus forte, résiliente et inclusive, qui améliore le niveau de vie de l’ensemble des Marocains.

– Les services du FMI félicitent les autorités pour les efforts résolus qu’elles ont engagés pour développer l’assistance sociale cette année et conviennent qu’une réforme globale du système de protection sociale est devenue plus urgente à la suite de la pandémie.

– L’élargissement de l’assurance médicale à tous les Marocains contribuerait à accroître l’accès à des services de meilleure qualité, tandis que l’harmonisation de tous les programmes existants d’assistance sociale dans le cadre d’un registre social unifié améliorerait l’efficience et le ciblage du système.

– La mission souscrit à la réforme annoncée des entreprises publiques, qui devrait mettre en place des conditions propices à un secteur public plus efficient et stimuler le développement du secteur privé.

– La mission salue les progrès accomplis récemment dans l’établissement du cadre juridique pour la numérisation de l’administration publique et la simplification de ses procédures, ainsi que les mesures récentes visant à mettre en œuvre la réforme de l’éducation, notamment du système de formation professionnelle, à améliorer la gouvernance et à lutter contre la corruption.

(MAP)