Business : Moroccan-made-men (and women)

Episode 1/17. Ils ont réussi dans le business, agissent, créent et s’épanouissent. Eux, ce sont 50 concitoyens nés ou vivant à l’étranger. Certains ont le Maroc chevillé au corps, d’autres un lien plus ténu, sans pour autant avoir coupé le cordon ombilical. Tous ont de belles histoires.

Par

Badr El Battahi, money maker

L’adolescent de 17 ans quitte le Maroc en 2009 pour Dubaï où vont s’ouvrir pour lui les portes du succès. Il fait mouche grâce à Sociwork, une startup spécialisée dans le community management pour stars. Rappeurs américains, mannequins et influenceurs se l’arrachent. Diplômé de Harvard et sérial entrepreuneur, il lance business sur business, décrochant la timbale avec Richsneakers, une plateforme de vente de paires de baskets vintage qui explose. A 27 ans, sa fortune personnelle est évaluée à 2 millions de dollars. Pas de quoi prendre sa retraite. Il voit plus grand et s’est lancé un nouveau défi : s’enrichir encore plus avec la blockchain.

Fayçal Bettioui, un chef et sa bonne étoile

Il abandonne des études d’informatique puis de médecine dentaire pour se consacrer à sa passion première : la cuisine. Pendant plusieurs années, il fera ses gammes dans des restaurants à Miami où il popularise le tagine d’agneau auprès des critiques gastronomiques de la ville. Il pose ensuite ses bagages en Allemagne en 2015, à Neupotz, où il lance son restaurant Zur Krone. Grâce à un savant et audacieux mélange entre cuisine marocaine et gastronomie moderne, ce Casaoui d’à peine 36 ans décroche, en 2019, sa première étoile Michelin. Un seul chef d’origine marocaine avait réussi cet exploit avant lui.

Hicham Oudghiri, golden data

Entrepreneur à succès aux Etats-Unis, ce pionnier de la donnée fonde Enigma en 2001. Une startup spécialisée dans le Big Data dont l’objectif est d’anticiper des phénomènes financiers, voire des crises à venir grâce à la compulsion de données à grande échelle. Enigma a levé plus de 140 millions de dollars en huit ans. La startup est classée par Forbes dans le Top 50 des fintechs les plus prometteuses au monde, avec une valorisation estimée à 650 millions de dollars. “Au Maroc, on parle souvent de bâtiments qui s’effondrent. Avec des données, on pourrait les détecter, voir s’il y a une concentration de propriétaires ou de promoteurs véreux détenant ces immeubles et appliquer des amendes en temps réel”, suggérait-il dans nos colonnes.

Sanaa El Mahalli, chaud Sananas

Née en Seine-Maritime de parents marocains, Sanaa El Mahalli, dite Sananas, fait partie des influenceuses les plus suivies de France. Sur sa chaîne YouTube, qui rassemble 2,7 millions d’abonnés, elle poste des vidéos où elle teste des produits cosmétiques, fait l’inventaire de sa garde-robe ou dévoile sa routine toilette du matin. Très discrète sur ses origines familiales, Sananas, 30 ans, visite régulièrement le Maroc et publie sur Instagram des photos où elle prend la pose dans les ruelles bleues de Chefchaouen ou entre les palmiers de Marrakech.

Othmane Laraki, dépistage moins cher

Entrepreneur, investisseur, passé par Stanford et le MIT, ce quadra s’illustre auprès des géants de la Silicon Valley tels que Twitter, Microsoft et Google. Depuis bientôt 7 ans, il est à la tête de Color Genomics, une entreprise spécialisée dans la détection précoce du cancer grâce à la donnée et à un simple échantillon de salive. L’objectif est de diminuer les coûts de dépistage en vue de sa généralisation massive. Une économie on ne peut plus urgente pour le Maroc où la santé a un coût exorbitant. Othmane Laraki estimait dans nos colonnes que le coût du dépistage au Maroc pouvait ainsi passer de 60.000 à 2500 dirhams.

Yazid Ichemrahen, sa part du gâteau

Né à Épernay dans l’est de la France en 1991, il passe son enfance entre familles d’accueil, rue et foyers. Son intérêt précoce pour la pâtisserie lui offre une voie de sortie à sa vie d’errance. Il s’investit dans sa passion pour, dit-il, “sauver sa vie”. À 22 ans, il remporte le championnat du monde des desserts glacés (2014). Cette notoriété soudaine permet au chef pâtissier de lancer sa propre marque YI, à laquelle s’ajoute une filiale de luxe, YCONE, qu’il implante à Doha, Mykonos ou encore à Genève. Il a raconté sa success-story dans une autobiographie, Un rêve d’enfant étoilé, publiée en 2016.

Kenza Zouiten, fashion queen

Kenzas, c’est comme ça qu’on l’appelle sur Instagram où la mannequin fédère près de 2 millions d’abonnés. Kenza Zouiten est tout simplement l’une des fashion blogueuses les plus influentes de sa génération. A 16 ans à peine, le teenblog dans lequel elle met en scène son quotidien d’ado accède au podium des sites les plus lus de Suède. Aujourd’hui, son portail-vitrine, Kenzas.se, est le plus visité de Scandinavie. En 2008, elle rafle le Finest Awards du “fashion blog of the year”. Après plusieurs apparitions sur MTV en tant que présentatrice, l’influenceuse maroco-suédoise cofonde en 2016 la marque de vêtement IvyRevel avec le soutien du groupe H&M.

Joseph Chetrit, l’homme qui croque la Pomme

Son patrimoine immobilier est dantesque. Joseph Chetrit, juif marocain, Casaoui pur souche, est un véritable prince de l’immobilier à New York. Son principal fait d’armes : l’acquisition, en plein milieu du mythique Times Square, du Carter Building, pour la somme de 190 millions de dollars. Pourtant, les choses étaient plutôt mal parties pour Chetrit, dont la famille, qui a fait fortune dans le textile au Maroc, se fait épingler pour commerce illicite. Son père ainsi que son frère passent par la case prison dans les années 1990. Le Maroc est alors paralysé par une redoutable campagne d’assainissement qui fait trembler les détenteurs de capitaux.

A leur sortie de prison, les Benchetrit mettent le cap sur New York. Commence alors une formidable success-story dont seule l’Amérique détient le secret. Ensemble, il créent le Chetrit Group. Le clan rachète de vieux immeubles décrépits dans un quartier de Brooklyn qui se gentrifie à vue d’œil, les retapent et les cèdent moyennant une marge rondelette. Brique après brique, ils construisent un gigantesque édifice financier. Dans leur escarcelle, on retrouve le siège de Sony, dont la valeur dépasse le milliard de dollars, le campus de NYU, et, à Chicago, la fameuse Willis Tower dont la cote frise les 800 millions.

Chokri Mousaoui, sous le soleil exactement

C’est aux Pays-Bas, à l’université de Delft, que l’entrepreneur a aiguisé son amour de l’ingénierie solaire. Son projet “Eternal Sun”, développé à l’université, est aujourd’hui devenue une entreprise florissante de plus de 250 personnes. Elle est spécialisée dans le développement des équipements de tests solaires et de modules photovoltaïques. En 2016, le Maroco-néerlandais s’offre Spire Solar, un leader américain dans le domaine du solaire. La firme distribue son matériel dans plus de 40 pays.

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