Sans jamais nommer les États-Unis, Xi Jinping s’est posé en défenseur du multilatéralisme et de la mondialisation, comme il l’avait déjà fait lors du même forum il y a quatre ans, juste avant l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Moins d’une semaine après l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, l’homme fort de Pékin a paru mettre en garde ce dernier contre une poursuite de la politique chinoise de son prédécesseur, qui avait fait de la Chine son rival numéro un, notamment sur les plans commercial et technologique.
L’héritage de Trump
Le régime communiste redoute notamment que Joe Biden veuille ressouder les Occidentaux face à lui. “Bâtir des clans ou déclencher une nouvelle guerre froide, rejeter, menacer ou intimider les autres, imposer le découplage, le bouleversement des chaînes d’approvisionnement ou des sanctions afin de provoquer l’isolement ne fera que pousser le monde dans la division et même la confrontation”, a averti Xi Jinping. “Et la confrontation nous emmènera dans une impasse.”
Sous Donald Trump, outre une guerre commerciale lancée contre la Chine, les sujets de friction bilatéraux se sont accumulés : Taïwan, Hong Kong, traitement des musulmans ouïghours, rivalité technologique… Aux prises avec une épidémie de Covid-19 qui a explosé aux États-Unis, l’ex-président américain avait également reproché à la Chine, où le virus a été repéré fin 2019, d’être responsable de la pandémie.
“Cela ne sert l’intérêt de personne d’utiliser l’épidémie pour revenir sur la mondialisation”
Comme pour solder le mandat de Donald Trump et son slogan isolationniste de “l’Amérique d’abord”, Xi Jinping a fustigé lundi en creux le retrait des États-Unis des accords de Paris sur le climat, du nucléaire iranien, ainsi que de l’Unesco ou de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). “La pratique montre une nouvelle fois que rejeter ses problèmes sur les autres, vouloir faire cavalier seul ou encore être empreint d’une arrogance narcissique est voué à l’échec”, a taclé le président chinois. “Que le flambeau du multilatéralisme illumine le chemin de l’humanité !”, a-t-il plaidé.
Alors que la Chine a été la seule grande économie à dégager un PIB positif l’an dernier, Xi Jinping a par ailleurs estimé que “le monde ne retournera pas là où il était avant”. “Cela ne sert l’intérêt de personne d’utiliser l’épidémie pour revenir sur la mondialisation”, a lancé le président chinois, alors que de nombreuses voix se sont élevées dans les pays occidentaux pour assurer l’autonomie nationale, notamment en matière médicale.
Mais si la Chine a largement enrayé le Covid-19 sur son territoire, Xi Jinping a estimé que la pandémie mondiale était “loin d’être terminée”. Sur le climat, il a réitéré son engagement pris l’an passé : son pays commencera à réduire ses émissions polluantes avant 2030, avant de parvenir à la neutralité carbone 30 ans plus tard — c’est-à-dire d’en absorber autant que d’en émettre. “Lorsque les intérêts de l’humanité entière sont en jeu, il est du devoir de la Chine d’agir, mais aussi de réaliser ces objectifs”, a justifié Xi Jinping.