Tribune. Pour que ça marche

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Les lieux culturels sont en déshérence. Confions-les à la société civile pour qu’ils retrouvent une seconde vie.

Pourquoi donc payer des impôts quand le “minimum syndical” du service public n’est pas assuré au citoyen ? Ce n’est pas une apologie de la désobéissance civile mais une proposition de débat sur l’évaluation de l’utilisation de l’argent public et donc de la bonne tenue de notre démocratie transitoire. Cette même démocratie ne constituerait-elle pas un service public que doit garantir l’Etat ? Un Etat n’a-t-il pas obligation, par ailleurs, de garantir au citoyen sa participation aux affaires de la cité ?  La stabilité et la prospérité d’un pays ne vont-ils pas de paire avec la participation de ses citoyens ? Résumons par un sophisme : sans citoyens, pas d’évaluation, donc pas de démocratie.

Et afin de ne pas faire, comme à l’accoutumée, que le constat de l’existant, voici une proposition d’action plaçant la culture au centre de cette cause nationale que nous appelons de nos vœux. Pourquoi la culture ? Car elle permet au citoyen de se situer, de (se) poser des questions, de provoquer et de participer à la construction d’un espace public serein et respectueux. Parce que visiblement nous ne sommes pas en transition, mais en crise de valeurs et en manque de sérénité collective et individuelle.

La culture peut être un remède à nos maux est un début de réponse à la crise politique structurelle que connait notre pays. Cette cause nationale serait une stratégie à moyen et long terme pour une éducation destinée aux jeunes qui sont encore dans le système scolaire, et pour une éducation populaire destinés aux “moins jeunes” qui en sont sorti ou qui n’y ont jamais été.

Toute stratégie nécessitant des infrastructures et des mécanismes, partons de ce que nous avons et de ce que nous savons faire. Nos villes contiennent des théâtres, des maisons de jeunes, des maisons de la culture. L’Etat et les communes avouent leur impuissance à gérer correctement ces lieux, par manque de ressources humaines qualifiées pour effectuer ce travail de cadrage professionnel des activités de création, de diffusion, de formation artistique, de sensibilisation destiné au grand public, mais également aux jeunes, scolaires, amateurs, professionnels. En termes de politiques culturelles communales ou nationales, rares sont les infrastructures culturelles et sociales qui remplissent ce rôle d’éducation populaire.

Professionnalisme et passion

De l’autre côté, notre pays bouillonne d’associations et de collectifs de jeunes, d’artistes et de militants qui ne demandent qu’à avoir des lieux leur permettant de s’adonner à leurs arts, à le partager, à sensibiliser et à former d’autres jeunes et moins jeunes. Car en définitive, ces choses nécessitent deux ingrédients : le professionnalisme et la passion. Les institutions manquent visiblement des deux, nos associations ont la passion, il leur faut pour la plupart le professionnalisme. Une cause nationale dédiée à la Culture permettrait de mettre à disposition, suivant un appel à proposition, ces lieux à des associations pour mieux les gérer. Une évaluation, un cahier des charges et un accompagnement permettraient de professionnaliser ces dernières et de réaliser une politique culturelle de proximité et un renouveau de la création marocaine. En somme, une délégation de service public culturel.

La posture paternaliste ne permet pas de fabriquer des adultes, encore moins des citoyens. Faisons confiance à nos jeunes, et ne brisons pas cette lueur d’intelligence et de créativité que nos enfants essayent d’entretenir, malgré tout. Ça a marché ailleurs, pourquoi pas chez nous ?

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