En 2011, année de naissance du mouvement du 20-Février, Mohamed Sokrat, blogueur et militant, a été convié à une réunion avec le constitutionnaliste Abdeltif Menouni afin de faire ses suggestions pour l’élaboration de la nouvelle constitution. Un récit que le militant narre avec beaucoup d’humour. « Quand ils m’ont appelé pour la première fois, j’ai pensé que c’était une blague. Ce n’est que lorsqu’un ami avocat a reçu le même appel, que j’ai compris que c’était sérieux », raconte Sokrat.
Censure, protocole et realpolitik
« Docteur Menouni nous a gentiment accueilli à la réunion et nous a encouragés à nous exprimer. Son ton était mesuré, ses mots soigneusement choisis. Je ne pense pas qu’il était impliqué dans les manigances politiques», témoigne Sokrat. Et d’ajouter : « c‘était quelqu’un qui exécutait sa mission avec professionnalisme, il recueillait et rapportait toutes les requêtes aux partis intéressés ». Reçu à l’académie royale, Sokrat raconte le faste des lieux et le lourd protocole en décalage avec les revendications du 20-Février. Il explique par ailleurs la censure dont il dit avoir été victime, suite à une interview accordée à la télévision publique. « Je suis venu voir si le roi a une réelle volonté de réforme ou l’intention de mettre en œuvre un changement superficiel uniquement » avait-il déclaré à un journaliste de la RTM. La vidéo n’a jamais été diffusée.
Concernant ses propositions, Le blogueur met en exergue les points qui devaient être réformés dans l’urgence selon lui. « Je me suis opposé à la clause constitutionnelle qui dit que l’islam est la religion de l’Etat et que la monarchie est un système qui ne peut être remis en question », deux « obstacles » qui ne permettent pas un réel changement de régime politique. Concernant l’égalité des sexes, Mohamed Sokrat est ferme : « Tant que les princesses ne seront pas éligibles au trône, les femmes marocaines ne pourront pas se considérer comme égales à leurs homologues masculins. » Un point qui a aussi été défendu par TelQuel.
Le 14 juin 2012, soit une année plus tard, Mohamed Sokrat est condamné à deux ans de prison ferme et une amende de 5000 dirhams par le tribunal de première instance de Marrakech. Accusé de trafic de drogue, Sokrat écope de la peine maximale qui sera réduite de 6 mois en appel. « Cela ne m’étonne pas du tout, j’y étais même préparé. Mes articles dérangeaient énormément. J’étais conscient que je transgressais les lignes rouges. »
Lire l’intégralité du témoignage sur le site de FreeArabs.
Mohamed Sokrat n’était jamais un militant, posez à lui cette question vos aurez la même réponse.