Voilà une spécificité bien marocaine : le problème est identifié, les solutions définies, le déploiement fait défaut et personne ne se demande quelle ou qui en est la cause. Une réforme de la réforme est installée, annoncée et applaudie… puis tout le monde passe à autre chose. Quelques années plus tard, un politicien remarquera, par ambition très intéressée, que le problème persiste et proposera une énième réforme, toujours sans identifier les causes de l’échec. Au meilleur des cas, il parlera de procédures tortueuses.
Le cas de la formation professionnelle (un cas parmi tant d’autres) en est l’illustration parfaite. Le système des contrats spéciaux de formation, ce petit contrat qui permet à une entreprise de mettre à niveau sa matière grise, est en panne depuis 2006. Nous le savons, vous le savez aussi. Depuis cette date, nous (et vous aussi) avons parlé de réforme, mise à plat du système, instauration d’une gouvernance participative… Bref, tout le blabla savant et consensuel dont nous usons si bien dans nos contrées sous-développées. Mais jamais nous nous sommes demandé pourquoi cet échec, pourquoi les entreprises attendent des fois plus de deux ans pour se faire rembourser les frais de formation, pourtant le budget existe. Pourquoi la gouvernance de la formation professionnelle est-elle chancelante ? Tant de questions qui resteront sans réponse, et savez-vous pourquoi ? Parce qu’elles ouvrent des portes que bien du monde veut laisser fermées. Des réponses qui apporteront la preuve irréfutable que, chez nos dirigeants, la foi dans la bonne gouvernance n’est que poudre aux yeux. Si Machiavel était des nôtres, il vous aurait conseillé de vous maquiller pour avoir bonne figure car, au royaume béni, la gouvernance par l’apparence a le vent en poupe.