Le Maroc a décidé de suspendre la coopération judiciaire entre les deux pays suite à la convocation du directeur de la DST par des policiers français. Comment avez-vous accueilli cette décision ?
Nous avons pleinement pris la mesure de l’incompréhension suscitée par l’incident intervenu le 20 février dernier devant la résidence de l’ambassadeur du Maroc à Paris. Nous avons plusieurs fois eu l’occasion, depuis, de dire combien nous regrettions ce qu’il s’était passé ce jour-là. L’objectif des autorités françaises est de tout faire pour dépasser au plus vite cet incident, prévenir sa répétition et reprendre le cours normal de notre coopération dans tous les domaines. Nous sommes à cet effet pleinement mobilisés avec nos partenaires marocains pour tourner la page. Nous le faisons dans le climat de confiance et de respect mutuel qui caractérise nos échanges. Le Maroc a été, est et restera toujours un partenaire essentiel pour la France, avec lequel nous avons vocation à avancer de concert et à coopérer sur un pied d’égalité.
Pourtant, sur le plan économique, on considère que la France jouit d’une situation privilégiée au Maroc. On cite souvent comme exemple le cas du contrat du TGV, décroché sans appel d’offres, peu de temps après que le royaume ne revienne sur sa décision d’acheter à la France des avions Rafale…
Absolument pas. L’option de la Grande Vitesse est le résultat d’une décision souveraine de la part des autorités marocaines, dans le cadre du schéma ferroviaire adopté en 2005. La France n’a fait que contribuer à rendre possible la mise en œuvre de ce projet en apportant la moitié du financement du TGV marocain.
Je suis convaincu que ce chantier visionnaire répond aux intérêts partagés de nos deux pays. Pour le Maroc, il s’agit de mettre en place des infrastructures de haute technologie à même de contribuer à l’aménagement du territoire et de soutenir le développement d’une économie moderne et compétitive. Pour la France, il s’agit de promouvoir notre savoir-faire et d’ouvrir des perspectives pour les sociétés françaises aux côtés de partenaires marocains.
La France investit plus dans la vie culturelle et éducative au Maroc que dans la plupart des autres pays du monde. Cette action est-elle pensée pour conserver une certaine domination sur les plans politique et économique ?
C’est au Maroc que la France a en effet le plus important dispositif de coopération culturelle et éducative au monde. Cela témoigne de la densité du partenariat et des liens humains exceptionnels entre nos deux pays. Cette forte présence répond aussi à une réelle demande de la part des Marocains. Elle s’inscrit pleinement dans la tradition d’ouverture du Maroc et contribue à accompagner son développement.
Pour ne prendre qu’un exemple, l’ouverture en septembre dernier, dans le droit fil des orientations définies par les deux Chefs d’Etat en avril 2013, de sections bilingues francophones devant déboucher sur un baccalauréat marocain international, option français, est certes une bonne nouvelle pour la promotion de la place du français au Maroc, mais c’est également un moyen efficace de démocratiser l’apprentissage du français au sein de l’enseignement public marocain et d’améliorer ainsi l’employabilité des jeunes qui en sont issus.
Qu’en est-il de la positions française concernant la question du Sahara ?
Notre position est claire et constante. Elle traverse les alternances politiques. Nous considérons le plan d’autonomie marocain comme une base sérieuse et crédible pour une solution négociée dans le cadre des Nations Unies, comme l’a d’ailleurs rappelé le président de la république devant le parlement marocain en avril 2013.
Le Maroc a en outre fait d’importants efforts au cours des dernières années, en mettant en place des institutions et des mécanismes autonomes de protection des droits de l’homme. Nous ne pouvons qu’appuyer cette démarche et encourager sa poursuite.
et il choisi le média relai de la France pour s’exprimer, à savoir TelQuel