Alaa Zouiten, le médecin devenu virtuose du luth

Virtuose du luth, Alaa Zouiten est un jeune musicien armé d’ambition et d’humilité. Il nous raconte son parcours atypique.

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Alaa Zouiten
Alaa Zouiten sur la scène de Jazz au Chellah. Crédit : Yassine Toumi.

« J’ai commencé la musique à six ans, quand je suis tombé sur un vieux piano chez ma grand-mère. Ça m’a même fait abandonner le foot ! », nous confie-t-il, cinq minutes avant de monter sur scène avec le groupe allemand For Free Hands au Jazz au Chellah. Depuis, le musicien en herbe a pris des cours de musique. « Mon prof de musique, Aziz Rbib, m’a tout donné. A onze ans, il m’a appris le luth après avoir fait le tour des instruments classiques. » Très tôt donc, Alaa Zouiten se découvre une passion pour le luth, la musique arabo-andalouse et penche vers les musiques traditionnelles marocaines.

Le bac en poche, Alaa Zouiten quitte El Youssoufia, sa ville natale, pour Marrakech, où il est admis à la faculté de médecine. « J’essayais de trouver un équilibre entre la musique et mes études, mais j’ai réalisé qu’il fallait faire un choix », nous raconte-t-il. Un choix qui provoque un tollé dans sa famille et son entourage : celui qui était prédestiné à devenir médecin sera musicien. S’en suivra alors une période de recherche musicale, au cours de laquelle il découvre des genres nouveaux. « Je ne savais pas ce qu’était la fusion avant d’assister au Festival d’Essaouira, ça m’a ouvert de nouveaux horizons. C’est comme ça que j’ai découvert plusieurs maîtres de la musique, comme Paco de Lucia ou Miles Davis ». A la période découverte succède une envie d’aller plus loin dans l’apprentissage du musicien. C’est ainsi qu’il apprend l’allemand et s’inscrit à un bachelor en pédagogie musicale et philosophie à Erfut, en Allemagne.

Des premiers pas concluants

Tout cela lui permet d’entrer d’un pas ferme et déterminé dans le domaine de la musique. Il enregistre un premier album auto-produit, Hada Ma Kan, qui sort en 2012. S’ensuivra une tournée en Allemagne qui lui permet de rencontrer de nombreux musiciens. « C’est là que j’ai dû trouver mon propre style », nous explique-t-il. Un style empreint de jazz, de flamenco et de musiques traditionnelles marocaines, comme le gharnati et le gnaoua. « Le jazz et la musique marocaine ont beaucoup en commun, cette marge de liberté qu’ils permettent, ainsi que cette capacité à improviser. »

Quand on lui demande comment il compose sa musique, Alaa Zouiten l’explique dans un langage de cuisinier : « Pour moi, la musique est un peu comme la cuisine, c’est un travail où on mélange les ingrédients simplement ».

Des projets et des ambitions

Actuellement, Alaa Zouiten mène plusieurs projets à la fois à côté de ses études. Il travaille avec son quintet, le Alaa Zouiten Ensemble, sur un deuxième album et met le luth en avant dans ses compositions. « J’ai toujours eu horreur de ces musiciens qui faisaient systématiquement pleurer leur luth sur des musiques mièvres. On peut faire de la musique joyeuse avec cet instrument ! », nous confie-il. En plus de son second album, Alaa Zouiten travaille sur un duo avec le musicien Robet Franzel, tout en montant un projet ambitieux où il invite un DJ et un chanteur d’indie pop à collaborer avec lui.

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