Placebo: «L’art devrait être libre de toute frontière»

Ils ont marqué le rock des années 1990 et continuent de se renouveler constamment pour séduire un nouveau public. De passage au Festival Mawazine, le groupe londonien Placebo nous a accordé un entretien.

Par et

Placebo
Crédit : Placebo World

Une multitude de disques et un succès planétaire. En vingt ans, Placebo a marqué toute une génération à coups de chansons touchant plusieurs genres musicaux se rapportant au rock. Depuis leur premier disque à tendance punk jusqu’à leurs albums alternatifs d’aujourd’hui, en passant par le glam rock, Placebo a toujours su être pertinent, un brin provocateur mais surtout très novateur. Ceux qui prônaient le sex, drugs and rock & roll comme mode de vie ont fini par s’assagir avec le temps, sans abandonner leur facette audacieuse au fil du temps. Que ce soit au niveau des rythmes ou dans les textes, le groupe a un univers propre, boudant les tendances et ne cédant pas à la facilité. Rencontre avec Brian Molko, chanteur de Placebo.

Vous avez sept albums à votre actif et pourtant vous ne figurez dans la pochette d’aucun de vos disques. Pourquoi ?

Nous pensons que la pochette d’un album doit être une œuvre d’art, c’est pour cela que nous privilégions des créations au lieu d’une photo du groupe. Mais nous figurons toujours dans les livrets de nos CDs, parfois dans les affiches de concerts et les visuels de promo.

Vos textes sont empreints de mélancolie, on sent un esprit torturé. Est-ce que l’écriture est un exutoire pour vous ?

Tout à fait. Tout vient de mes expériences personnelles. Pour moi, l’écriture est une sorte de thérapie, une catharsis. C’est aussi une façon de se découvrir soi-même. Écrire est un processus qui révèle ce qui se passe émotionnellement en moi.

Vos textes sont aussi très métaphoriques. Est-ce un moyen de vous préserver ?

Ecrire ainsi n’est pas nécessairement un choix réfléchi, c’est la façon avec laquelle les choses me viennent. Sur le dernier album par exemple, j’ai écrit dix chansons qui sont en fait dix petites nouvelles avec des personnes et un univers bien défini. Paradoxalement, cette manière d’écrire me donne plus de liberté pour être personnel dans mes chansons.

Much Loved, le dernier film du réalisateur marocain Nabil Ayouch sur la prostitution au Maroc a été censuré. Avez-vous déjà vécu la censure ? Comment avez-vous réagi ?

Oui, nous avons déjà été confrontés à la censure. Dans certains pays arabes mais aussi en Chine, où nous avons été contraints de changer les pochettes de certains albums. La censure est malsaine, c’est un frein pour l’art et pour tous les artistes qui veulent communiquer leurs idées. L’art devrait être libre de toute frontière.

Comment avez-vous vécu le départ récent de votre batteur Steve Forrest ?

Steve n’était pas très heureux, cela se voyait très bien. Il a fait le choix de partir, et puis voilà. Nous nous sommes dits qu’il fallait en trouver un nouveau ! Notre nouveau batteur a très vite trouvé une place au sein du groupe. C’est un musicien extrêmement talentueux que nous connaissons depuis une dizaine d’années. Il a fait la première partie de nos concerts avec de groupes différents dans le passé.

Votre timbre de voix est reconnaissable parmi mille. Que faites-vous en particulier pour préserver votre voix ?

Je n’ai jamais fait d’entrainements particuliers. Pour prendre soin de ma voix, je fume comme une cheminée et je bois du thé aux fruits.

Vous avez plus de vingt ans de carrière. Comment arrivez-vous à vous renouveler constamment et quel bilan en tirez-vous ?

A chaque fois qu’on enregistre un disque, on s’en lasse vite. On s’ennuie rapidement en réalité. C’est ce qui nous pousse certainement à faire de nouvelles choses à chaque fois. Et puis, il y a tant de choses encore à faire, tant de choses à explorer. Nous n’avons aucune intention d’arrêter !

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