L’échec du plan Azur en chiffres

Le bilan du plan Azur n'est guère réjouissant. Le programme, lancé en 2001, peine à atteindre son objectif selon un récent rapport de la Cour des comptes. Retour en chiffres sur cet échec.

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Plage de Saïdia. Crédit : Flodderinbelgie/Flickr.

Le 18 janvier, la Cour des comptes publiait un rapport sur la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT) montrant que cette dernière na pas été capable de développer l’activité d’ingénierie touristique, qui reste au « stade embryonnaire ».

Le rapport de l’institution dirigée par Driss Jettou se penche également sur le bilan du plan Azur que la SMIT est censée piloter. L’expertise de la Cour révèle que sur un peu plus de 58 500 lits touristiques prévus dans six stations balnéaires (Saïdia, Larache, Mazagan, Mogador, Taghazout, et Plage blanche), seuls 1 570 lits ont été réalisés, soit 2,7 % de l’objectif fixé dans le cadre du Plan Azur. Une maigre moisson au vu des moyens consacrés par l’Etat qui, pour la seule station de Taghazout, a dû faire une concession de l’ordre de 1,3 milliard de dirhams. Retour sur les réalisations de chacune des six stations faisant partie du Plan Azur établi dans le cadre de la vision 2010 du Tourisme.

Taghazout: Désistements en série

« Le projet de la Station Taghazout a connu une succession d’événements qui ont empêché son lancement », explique d’emblée la Cour des comptes dans son rapport. Depuis le lancement de la Vision 2010 en 2001, plusieurs aménageurs étrangers comme la société Palais des Roses international, puis l’Américain Colony se sont désistés avant que l’État ne reprenne les rênes de la station en 2010, à travers la CDG, la SMIT, le FMDT qui ont été épaulés par Alliances Développement.

Fin 2015, « la station a connu la réalisation d’un hôtel de 360 lits, en plus d’une résidence hôtelière en cours d’une capacité de 360 lits, soit un total de 720 lits, représentant environ 10% par rapport à la capacité prévue« , expliquent les magistrats de la Cour des comptes. Cela signifie donc qu’un seul hôtel sur les sept prévus dans le cadre du Plan Azur, est sorti de terre.

Manque de visibilité à Lixus

« En raison de la crise financière mondiale de 2008 et des difficultés rencontrées par les investisseurs à développer et à gérer un projet touristique d’une telle ampleur, le projet a connu un retard dans son développement« , rappelle le rapport.  Une crise financière qui avait poussé les Belges Thomas & Piron et L’Atelier ainsi que le Néerlandais Orco à jeter l’éponge, en cédant leurs parts à Alliances et à H-Partner en 2009 .

Résultat des courses: « Le bilan des réalisations afférent à la station Lixus par rapport aux objectifs de 2020 se limite pour ce qui est de la composante touristique à un hôtel en cours de finalisation d’une capacité de 450 lits contre un objectif global de 7926 lits touristiques, soit un taux de réalisation de 5,7%« , détaille le rapport.

Tabula rasa à Saïdia

Ouverte en 2009, la station peine toujours à décoller. Seuls trois hôtels, d’une capacité de 3 170 lits, ont été réalisés, soit 26 % de l’objectif. Et c’est encore l’État, à travers la CDG et la SMIT, qui reprend le flambeau, sans succès. « À ce niveau, il convient de souligner qu’une étude de repositionnement de la station Saïdia a été effectuée en 2011-2012 par un cabinet conseil (T&L) qui a proposé un nouveau Master plan et un Business plan après un diagnostic de la station qu’il a réalisé, et à travers lequel il a pu mettre l’accent sur un certain nombre de dysfonctionnements dont souffre la NSTS [Nouvelle Station Touristique de Saïdia, ndlr] », rappelle la Cour des comptes.

Le verdict de cette étude est sans appel: la station de Saidia souffre à cause d’un business model court-termiste dépendant des ventes de l’immobilier. Une grande partie des resorts sont inachevés, et ceux dont les travaux sont achevés sont en « dessous du standard de qualité initialement défini« . Enfin, le développement de la station est jugé « incohérent« . La Cour des comptes pointe ainsi du doigt un « manque d’adéquation entre le plan initial et la réalité« . Pire, « d’après la SMIT, à mi 2015, les modifications apportées par le nouveau master plan de la station n’ont pu être validées par les autorités compétentes« , notent les magistrats de la Cour des comptes.

Mazagan, Mogador et Plage blanche en deçà des objectifs

« Pour la station Mazagan, hormis la sortie d’une capacité résidentielle de 222 lits en 2013 correspondant à 37 villas, aucune réalisation n’a eu lieu ni au niveau de l’hébergement touristique ni au niveau de l’animation », expliquent les juges dans le rapport qui précise que la station « souffre d’un manque de visibilité sur les deuxième et troisième tranches du programme de valorisation« .

Quant à Mogador, un seul hôtel, d’une capacité de 406 lits, a vu le jour. Côté résidentiel, la station compte 37 villas, soit 222 lits. Enfin, pour la station Plage blanche, aucune des infrastructures prévues n’a été créée. « Selon les informations fournies par la SMIT, une réflexion est engagée pour la constitution d’un nouveau tour de table pour l’aménagement de la station », indique la Cour des comptes.

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