Dans la cinémathèque du producteur Mohamed Ulad-Mohand

Quels films regarde le producteur et réalisateur Mohamed Ulad-Mohand, président du jury de la section court métrage du festival du film de Tanger qui s'est déroulé du 3 au 11 mars?

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Mohamed Ulad-Mohand. © DR

Vous souvenez-vous du premier film que vous avez regardé?

J’ai en tête deux films que j’ai vus à la télévision nationale. Il y a d’abord « L’argent de Poche » de François Truffaut, et « Dersou Ouzala » d’Akira Kurosawa. À l’époque j’avais 16 ans et je voulais être écrivain, mais ces deux films m’ont tellement bouleversé que j’ai décidé de faire du cinéma sans avoir aucune notion sur cette discipline. Et c’est un homme que j’ai rencontré alors que j’étais serveur dans un hôtel qui m’a aidé. Il m’a demandé le prix d’une bouteille de vin, qu’il a finalement trouvé trop cher et que j’ai fini par lui offrir. Touché par mon geste, il a décidé de m’aider à faire du cinéma à Paris. J’ai réussi à faire du cinéma grâce à une bouteille de vin.

Quel est le dernier film que vous avez vu?

J’ai vu un film formidable intitulé « My name is Adil« , d’Adil Azzab (en compétition au festival national du film de Tanger, NDLR). Cela faisait très longtemps que je n’avais pas pris une telle claque cinématographique. Ce n’est pas vraiment le genre de cinéma que j’apprécie, mais ça m’a marqué. Le réalisateur raconte sa propre histoire, celle d’un berger de 13 ans qui part en Italie rejoindre son père. Les images et la sensibilité à fleur de peau du film, tout comme la manière de raconter cette histoire, m’ont touché. Je suis l’une des rares personnes à avoir aimé le film. C’est une leçon de cinéma réalisée à 6.000 euros.

Quel est le film le plus bouleversant que vous ayez regardé?

Il y en a tellement, mais je dirais « Close-up » d’Abbas Kiarostami. J’ai une vraie passion pour l’Iran où j’ai produit des documentaires. C’était presque un prétexte pour y aller. C’est à ce moment que j’ai regardé « Close-up », à sa sortie en Iran, sans sous-titrage en plus. C’était génial, j’ai encore les images qui défilent dans ma tête. À l’époque Kiarostami n’était pas du tout connu. Je lui ai proposé de collaborer avec lui mais c’était raté, car juste après ce film il est devenu très célèbre et il fallait beaucoup d’argent pour le produire.

Quel est le film le plus surprenant que vous ayez vu?

« Pierrot le fou » de Jean Luc Godard était une découverte pour moi. À l’époque, on n’avait pas l’habitude de voir des films comme ça. La modernité, la construction de mondes parallèles, la rupture avec les codes de la narration traditionnelle m’ont happé. J’y ai découvert une nouvelle et merveilleuse façon d’écrire un film.

Y a-t-il un film qui ne vous captive pas?

J’aime beaucoup les films d’auteur qui sont accessibles. C’est le cas des films de David Lynch ou de David Cronenberg, car ils sont dans des pratiques cinématographiques non hermétiques. En revanche, bien que je trouve Tarkovski très bon, je n’arrive pas à rentrer dans ses films. Ils sont comme des toiles. Ça me plait, mais je n’arrive pas à y voyager. C’est juste une histoire de sensibilité.

Y a-t-il un film que vous regardez de manière obsessionnelle ?

Je dirais « Rio Bravo » de Howard Hawks, je le regarde souvent. C’est un film presque parfait. Un western certes classique, mais que je considère comme un chef d’œuvre. Que ce soit au niveau de la mise en scène ou du jeu des acteurs. C’est aussi un film pétri de tendresse. En vrai, tout me touche dans ce film. Je pense même à le montrer à mes enfants qui sont encore petits.

 

Quelle est la bande originale qui vous a le plus marqué ?

Elles sont nombreuses. Si je ne devais en retenir qu’une,  je dirais celle de « Blue Velvet » de David Lynch. D’ailleurs j’adore tous ses films. Il y avait un morceau de Roy Orbison « In dreams ». La BO de ce film est pénétrante, et d’une grande beauté.

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