Avec Plantu, les caricaturistes marocains se mobilisent pour défendre le dessin de presse

Accompagnés du célèbre dessinateur de presse français Plantu, des caricaturistes marocains ont inauguré l'exposition "Tsawar m3aya" à Rabat. Un projet pédagogique qui va parcourir le Maroc dans les mois à venir.

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Crédit : Tniouni

Les dessins osés ne peuvent être évités dans le hall de la Bibliothèque nationale du Maroc à Rabat. Sur de grands panneaux se mélangent texte et caricatures sur les thèmes brûlants qui concernent la jeunesse. Éducation, inégalité hommes-femmes, santé, accès à l’information. Autant de sujets dont se sont emparés huit caricaturistes professionnels marocains. « Vos talents de dessinateurs sont au service de la liberté d’expression« , leur lance Plantu, caricaturiste historique du quotidien français Le Monde.

Tous les participants ont illustré d’un coup de crayon les préoccupations rapportées par les organisations de jeunesse membres du réseau Net-Med Youth, projet mis en oeuvre par l’Unesco. L’exposition, réalisée en collaboration avec l’agence onusienne, se déplacera ensuite à l’Institut français de Rabat du 12 au 25 avril avant de traverser le royaume à la rencontre des jeunes.

Crédit : Tniouni
Crédit : Tniouni

« L’idée est de faire circuler l’exposition dans tout le Maroc et de la faire prolonger par des débats critiques« , explique Laurence Lepetit, directrice du développement international à l’association Cartooning for peace, présidée par Plantu. Le but : sensibiliser les jeunes au débat, mais aussi parler du métier de caricaturistes. Pour cela, huit dessinateurs et des animateurs vont être formés pour accompagner le voyage de l’exposition et expliquer leur travail aux jeunes.

Caricaturistes à la recherche d’une relève

« Il faut croire en la liberté, c’est le principal message que je veux leur faire passer« , nous déclare Khalid Gueddar, qui dirige la revue satirique Baboubi.

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« Au Maroc, il n’y a pas la culture de la caricature« , constate amèrement Saad Jalal, caricaturiste qui travaille notamment pour Al Ahdath Almaghriba. Pour qu’il y ait une relève, il faut que les jeunes soient conscients de la valeur du dessin de presse et de la réalité du métier. « Un dessinateur de presse ne fait pas que dessiner, il doit se renseigner sur l’actualité et faire un véritable travail journalistique« , explique Rik de L’Économiste.

« Les jeunes, habitués à partager des GIF ou des mimes sur internet, sont prêts à recevoir leur message, il faut juste qu’ils se rencontrent« , explique Chloé Laudereau, chargée des projets pédagogiques de Cartooning for peace. L’association insiste alors sur cette dimension pédagogique pour que le dessin de caricature soit compris à sa juste valeur, mais aussi pour provoquer des vocations.

Après avoir développé des activités pédagogiques en France, l’association s’exporte. Après la Côte d’Ivoire et la Tunisie, c’est donc au Maroc qu’elle s’intéresse désormais. « Il y a une véritable dynamique au Maroc, plus que ce à quoi on s’attendait« , avoue Chloé Laudereau.

État de la caricature au Maroc

« Dans le journalisme marocain, les caricaturistes sont considérés comme des bouche-trous. Pourtant, le dessinateur de presse est un journaliste à part entière qui a une valeur ajoutée et peut donner son point de vue », constate pourtant Rik, qui s’estime chanceux de travailler depuis 16 ans pour L’Économiste, quotidien où il a rendu sa patte indissociable de l’identité du journal.

Mais quand on parle de censure – ou d’autocensure – tous ne sont pas d’accord. Certains l’acceptent et décident juste de jouer avec, en contournant les interdits et en évitant de nommer les choses. D’autres sont plus frontaux. « On peut rire de tout, du moment que l’on sait raconter la bonne blague« , rigole le Tunisien Nidhal Ghariani.

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