Education nationale: les détails du nouveau plan de Said Amzazi

Dans un nouveau plan présenté le 16 mai, le ministre de l'Éducation nationale Said Amzazi ambitionne d'améliorer l'accès à l'enseignement, de réformer les méthodes d'enseignement et d'offrir une deuxième chance aux élèves sortis du circuit scolaire.

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Saïd Amzazi, ministre de l'Education. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Said Amzazi a présenté le 16 mai devant la commission de l’enseignement, de la culture et de la communication à la 2e chambre sa feuille de route pour l’éducation nationale à l’horizon de 2021-2022. « De nouveaux rendez-vous avec la commission seront fixés pour présenter les volets de l’enseignement supérieur et la formation professionnelle », nous précise une source au ministère de l’Education nationale.

Retour sur les principales mesures du nouveau plan Amzazi qui table, comme son prédécesseur Mohamed Hassad sur l’accès à l’enseignement (infrastructures, effectif du corps enseignant) et le renforcement de la pédagogie. 

Accès à l’enseignement : de nouveaux enseignants et établissements

Sur les pas de Mohamed Hassad, l’actuel ministre entend embaucher, contractuellement, de nouveaux enseignements pour pallier le manque d’effectif. 35.000 nouveaux enseignants seront ainsi embauchés par les différentes académies régionales, en plus des 20.000 recrutés au cours de l’année 2018 selon le document de présentation du plan d’Amzazi, et dont Telquel.ma détient copie.

Pour ce qui est des infrastructures, le plan prévoit la construction de 87 nouvelles écoles, dont 37 en milieu rural, dès la rentrée 2018-2019. Prévus dans le plan Hassad, qui a été présenté devant la commission de l’enseignement en août 2017, la construction de 55 nouvelles écoles et l’agrandissement d’établissements déjà existants (1.984 salles de classe supplémentaires) sont déjà en cours.

Le programme de réhabilitation des écoles et de leur mobilier voulu par Hassad concerne jusqu’à présent 9.511 établissements. Cette opération est amenée à être poursuivie par l’actuel ministre, mais aucun chiffre n’a été communiqué sur l’objectif à atteindre.

Afin de mettre fin à la récurrente problématique de l’encombrement dans les salles de classe, Amzazi espère réduire le nombre maximum d’élèves par classe à 30 pour la première et deuxième année du primaire. Le seuil a été fixé à 34 pour les quatre autres niveaux du primaire et à 36 pour l’enseignement secondaire collégial et qualifiant. Un objectif qui ne sera optimal qu’en 2021.

Si le ministre assure que les élèves de 5 ans et demi ont intégré la première année du primaire au cours de l’année scolaire en cours, il promet d’accueillir les élèves de 5 et 4 ans graduellement pour atteindre les 67% à l’horizon de l’année scolaire 2021-2022.

Crédit : Yassine Toumi
Crédit : Yassine Toumi

Pédagogie, langues, évaluation : le grand changement

En matière de pédagogie et d’initiation aux langues arabe et française, le ministère de l’Éducation veut adopter de nouveaux modes d’apprentissage comme la lecture précoce et l’approche actionnelle (approche projetée sur des situations de la vie réelle) ou syllabique (un apprentissage associant les lettres de l’alphabet aux syllabes qu’elles forment) pour les langues arabe et française au primaire. Pour y arriver, de nouveaux manuels et guides (pour l’élève et le professeur) ont été imprimés pour les deux langues.

La langue de Molière sera intégrée dès la première année du primaire comme l’avait proposé Mohamed Hassad. Une terminologie en langue française sera aussi intégrée progressivement aux matières scientifiques dès le collège.

Au niveau de l’enseignement secondaire collégial et qualifiant, le ministre promet de revoir les programmes et les orientations pédagogiques alors que des révisions des manuels scolaires ont été réalisées sous Rachid Belmokhtar en 2016 et de nouvelles ont été annoncées par Mohamed Hassad en 2017.

Comme le prévoyait l’ancien plan, des filières internationales du baccalauréat seront ouvertes à l’ensemble des lycées à l’horizon de 2021-2022. Pour ce qui est du modèle d’évaluation et des examens, Amzazi entend le reformer « pour encourager l’égalité des chances entre les élèves » sans donner plus de détails.

© AFP
© AFP

Violences, écoles de la deuxième chance et secteur privé

Les phénomènes de violences subies (par élèves ou professeurs) au sein des établissements scolaires –le dernier en date étant l’agression d’une élève par son professeur dans un collège de Khouribga – sont dans le viseur du ministre. Son plan prévoit de réactiver les centres de luttes contre la violence dans le milieu scolaire. Ils sont au nombre de 12 au niveau national et 82 au niveau provincial. A ce sujet, 12 coordinateurs régionaux et 82 coordinateurs provinciaux seront formés.

En ce qui concerne les aides sociales, le ministre promet de revoir les mécanismes et processus de sélection à l’ensemble des programmes d’aides. Il propose aussi d’augmenter le coût journalier par élèves pour la cantine : de 1,40 à 2 dirhams pour le niveau du primaire, de 7 à 10 pour l’enseignement secondaire collégial et qualifiant. Pour ce qui est de l’internat (tous les niveaux confondus), le coût de cantine bondira de 14 à 20 dirhams.

Face à la déscolarisation des enfants sous obligation scolaire, le plan entend optimiser le travail de l’éducation non formelle qui profite à 62.000 enfants. Si 27 écoles de la deuxième chance nouvelle génération sont en cours de création, 100 établissements supplémentaires verront le jour d’ici l’année scolaire 2021-2022.

Le ministère ambitionne d’attirer 30.000 élèves annuels et d’atteindre un taux d’insertion des bénéficiaires dans l’enseignement formel ou la formation professionnelle à 40%. Pour les élèves en situation de handicap, Amzazi veut créer 100 salles adaptées par année.

Dans son plan, Amzazi s’attarde aussi sur le cas du secteur privé. Il veut revoir la loi formant statut de l’enseignement scolaire privé, mettre en place un cadre de référence pour les prix d’enseignement ainsi qu’un cahier de charge pour contrôler les établissements qui profitent des avantages fiscaux (engagement dans les programmes d’éducation non formelle ou d’alphabétisation). Enfin, le ministre ambitionne la mise en place de 230 écoles écologiques primaires chaque année.

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