L'hôtel Lincoln finira-t-il par trouver un acquéreur?

L'Agence urbaine de Casablanca a lancé le 7 août un troisième appel à manifestation d’intérêt pour la reprise de l'hôtel Lincoln. L'établissement, construit il y a cent ans, constitue un véritable trésor architectural de la ville de Casablanca.

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Yassine Toumi/TELQUEL

Qui pour sauver l’hôtel Lincoln de Casablanca ? Un nouvel appel à manifestation d’intérêt, le troisième en trois ans,  a été lancé pour l’acquisition,  le réaménagement, la rénovation et l’exploitation de l’établissement situé au centre-ville de Casablanca par l’Agence urbaine de Casablanca (AUC).

Laissé à l’abandon et tombé en ruine, le Lincoln était auparavant géré par la famille Bandari qui a été expropriée par le gouvernement Driss Jettou en 2007. L’Exécutif avait ensuite confié la gestion de l’établissement à l’AUC.

Construit en 1917, l’édifice est l’œuvre de l’architecte français Hubert Bride. De style néo-mauresque, courant architectural en vogue au XIXe siècle en Afrique du Nord, l’immeuble Bessonneau (son nom d’origine) comportait une soixantaine d’appartements ainsi qu’un établissement de bains publics. L’hôtel, qui s’étale sur une superficie de 2.500 m², ferme définitivement ses portes en 1989. Depuis, il fait l’actualité pour de tristes raisons.

En 1989, un premier effondrement partiel fait deux morts. Plusieurs autres pans de l’hôtel se sont ensuite écroulés sous l’effet du temps et des intempéries. L’un de ces évènements a  entraîné la mort d’un sans-abri en 2004 tandis qu’un autre incident survenu en 2015 a fait un mort et deux blessés.

Ces évènements poussent l’AUC à lancer un premier appel à manifestation d’intérêt en octobre 2015 pour la reprise de l’hôtel. Mais aucune proposition n’est présentée. Un deuxième appel suivra deux ans plus tard avec le même résultat.

«La première offre était un bail emphytéotique (bail d’une très longue durée) de 30 ans que les investisseurs ont refusé, parce qu’ils voulaient être propriétaires», explique Hafif Azzeddine, directeur de l’aménagement urbain au sein de l’AUC.

Un autre problème ayant découragé les investisseurs, selon le responsable, est la contrainte de l’accessibilité. L’avenue Mohammed V, sur laquelle est situé l’hôtel, est en effet complètement réservée au tramway tandis que  les ruelles de Derb Omar restent trop étroites pour la circulation et le stationnement.

«Pour la deuxième manifestation d’intérêt, nous avons privilégié la cession au bail. Mais en plus de la contrainte de l’accessibilité s’est rajoutée l’obligation de reconstruire la façade avec les motifs et les spécificités architecturales de l’immeuble d’origine, ce qui représentait un coût important pour les éventuels repreneurs», poursuit Hafif Azeddine

Que prévoit donc ce dernier appel à manifestation d’intérêt ? « L’offre est plus souple. D’autant plus qu’elle est accompagnée d’une étude en cours au niveau de la wilaya sur la question de l’accessibilité», détaille le directeur de l’aménagement urbain de l’AUC. L’éventuel élargissement des ruelles adjacentes permettant une meilleure circulation serait en projet.

«Il n’a jamais été et ne sera jamais question de raser l’hôtel», rassure Hafif Azzeddine, au moment d’évoquer l’avenir de cette bâtisse, qui fait partie du patrimoine architectural de Casablanca. Les investisseurs intéressés ont jusqu’au 5 septembre pour déposer leur dossier auprès de l’AUC.

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