Et si le Maroc avait créé WhatsApp ?

Par Amine Azariz

Dans «We Could Be Heroes» de Hind Bensari, on suit l’histoire incroyable de deux sportifs marocains, sans ressources, qui s’entrainent dans des champs, fabriquent leur propre matériel et surmontent toutes les difficultés pour arriver à l’impossible. La médaille d’or des jeux paralympiques de Rio et un record du monde. Hissant le drapeau du Maroc parmi les grands du monde du sport. Qu’en est-il du monde du numérique, celui de la Tech ?

Comme pour le lancer de poids, on ne peut pas dire que la Tech soit un sujet national. Des initiatives existent certes mais sont timides. Nos priorités sont ailleurs et certains diraient qu’on a d’autres chats à fouetter. Mais devrions-nous changer cela, qu’avons-nous à gagner de l’industrie Tech, pourrions-nous atteindre l’Or ?

Imaginez. On est en 2009, le monde découvre une application qui va bientôt changer nos vies : WhatsApp. Sauf que dans ce monde imaginaire, WhatsApp n’a pas été créé par deux Américains à Mountain View, mais par deux développeurs marocains… du Maroc, au Maroc. Rêvons un peu.

Comme beaucoup de leurs pairs, intéressés par les nouvelles technologies, nos deux jeunes regardent le lancement d’un nouvel iPhone. Ils sont tout particulièrement intéressés par un nouveau concept, l’App Store. La première fois qu’on crée une place de marché où des développeurs d’applis du monde entier peuvent toucher des millions d’utilisateurs, simplement et en quelques clics. Nos entrepreneurs en herbe sautent sur l’occasion et pensent à une idée toute simple : une application de chat sur mobile.

Le concept même existe depuis une décennie déjà. Que ce soit MSN, Caramel ou mIRC, les chats, tout le monde connait. Mais pas sur mobile, là c’est le SMS qui prend la relève. Leur idée alors n’est que d’associer les deux. Rien de révolutionnaire. Et pourtant. 4 ans après, WhatsApp, made in Morocco, est utilisé par plus de 400 millions de personnes dans le monde. Se place en tête des téléchargements de l’App Store et prend toute l’industrie Tech et télécom de court. Puis, rentre dans l’histoire : WhatsApp se fait racheter par Facebook pour 19 milliards de dollars. Soit… 20% du PIB du Maroc !

Là où le pays misait tous ses efforts sur l’industrie automobile, aéronautique ou encore le secteur minier. Il a suffi d’une idée, un ordinateur et la détermination de deux jeunes pour créer autant de richesse que les secteurs de la pêche et du tourisme réunis… depuis leur garage. Voilà la force de l’industrie Tech. Pas besoin d’investissements colossaux pour créer des miracles. Pas besoin de ressources naturelles pour nous faire rejoindre la table des grands. Seuls les cerveaux comptent — et la volonté de ceux qui les dirigent.

Imaginez si cette histoire était vraie. Si du jour au lendemain le Maroc donnait vraiment sa chance à cette industrie. Si le Maroc décidait de former des tech-entrepreneurs non pas par dizaines mais par dizaine de milliers. Si on décidait de trouver nos deux créateurs de WhatsApp à nous. Si demain on décidait d’apprendre aux enfants à coder. Si on décidait de remplacer les filières dépassées de nos facs par celles des métiers de l’avenir. Si on décidait de créer le Bac « D » – Digital. Si on décidait de créer l’OFFPT du Code, ou encore l’université de l’intelligence artificielle.

Y’en a qui diraient qu’avec des « si » on mettrait Paris en bouteille… Justement, cette fois, copions Paris. Qui en 4 ans, depuis le lancement de la French Tech, s’est hissé aux premiers rangs de la Tech mondiale. Et puis, rappelons-nous de GMT+1. Le Maroc est le pays qui a changé le quotidien de 35 millions de marocains, en un weekend. Il pourrait se donner quelques années pour changer leur avenir. Bref… Si on le voulait, We Could Be Heroes.