Cemal Dindar, psychiatre turc, a consacré ce qu’il a appelé une “psychobiographie” à T.R. Erdogan. Il l’a titrée Colère et Soumission. Rarement un titre aura été plus adéquat à son objet. Cemal Dindar a résumé d’une formule frappante ce qui constitue la clef d’une subjectivité autoritaire et infantile courante, pas seulement en Turquie, mais dans l’ensemble du monde arabo-musulman, et probablement aussi dans d’autres aires culturelles mal dégagées de leurs mœurs préindustrielles, comme l’Inde, la Russie ou l’Afrique subsaharienne.
Commençons par la colère. Et débutons avec le Maroc, qui offre de très bons exemples de cette prothèse psychologique infantile. Pas une semaine ne passe sans que l’actualité politique ne nous parle d’une colère politique ou patronale contre tel ou tel. Comme si l’appareil étatique, la société civile et la vie politique ne fonctionnaient qu’avec ce carburant psychologique. Et, bien sûr, cette colère au sommet ruisselle à tous les niveaux. Chacun, selon son (petit) pouvoir, va user de la colère comme mode de…Chacun, selon son (petit) pouvoir, va user de la colère comme mode de gouvernance envers ses subordonnés