Mehdi Bensaid : "Les egos, y compris le mien, ont prévalu dans les décisions prises par le parti"

Mehdi Bensaid. Crédit: DR

Dans cet entretien, Mehdi Bensaid revient sur l’appel du futur qu’il a lancé aux côtés de plusieurs autres figures du PAM et évoque l’avenir de la formation au tracteur.

Les soubresauts internes au sein du PAM continuent… Moins d’un mois après le lancement de l’appel à la responsabilité par cinq figures historiques du parti, voilà que 13 membres du bureau politique, du Conseil national, du bureau fédéral et du groupe parlementaire du parti ont lancé cet appel qui tend à « unir » le parti et à revendiquer « une démocratie en interne » et « une ouverture sur une nouvelle génération de dirigeants politiques ». À la veille de la tenue de la première réunion du comité préparatoire du 4e congrès du parti, nous avons discuté de l’apport de cet appel et son impact sur l’avenir du parti, aujourd’hui en roue libre, avec Mehdi Bensaid membre du bureau fédéral et signataire de l’appel.

TelQuel : qu’est-ce qui vous a poussé à lancer l’appel de l’avenir ?

Mehdi Bensaid : C’est très simple, les débats très houleux qui ont ponctué les derniers mois nous questionnent sur l’avenir du parti. Notre parti s’enlise de plus en plus dans des discussions interminables et contradictoires et ne peut dans le cas présent se présenter comme une alternative politique pour les Marocains. Aujourd’hui, il est primordial pour nous de tourner la page afin d’aller de l’avant. Je pense que la nouvelle génération du parti n’a pas à subir le passif du parti contrairement à d’autres. Elle a une certaine virginité qui lui permet d’apporter une alternative pour relever le parti.

Qui en a eu l’idée de formuler cet appel ?

L’idée de cet appel a émergé il y a quelques semaines déjà et la nouvelle génération du parti, qu’incarnent les 13 signataires, tenait à réagir  à la situation actuelle. En formulant cet appel, on souhaite simplement alerter les militants du parti sur la nécessité de dépasser les litiges. On veut dire « basta » à ce processus interne qui a dépassé certaines limites, afin qu’on puisse aller vers une union progressiste à même à transcender nos divergences.

Votre appel résonne comme une réponse à l’appel à la responsabilité lancé il y’a quelques semaines par les anciens secrétaires généraux du parti, n’est-ce pas ?

Pas vraiment. C’est un appel qui vient en continuité de différents appels qui ont ponctué l’histoire du parti et qui revendiquaient le renouvellement des élites et la mise en valeur d’une nouvelle génération de militants. Notre discours n’est pas nouveau, il a toujours existé au sein de notre parti. On ne s’inscrit pas en confrontation avec l’ancienne génération du parti. Au contraire, on leur dit, vous avez raison, mais il faut qu’il y ait une nouvelle génération qui assume sa responsabilité au sein du parti. On est en 2019 et aujourd’hui il n’est plus possible de gérer le parti, tel qu’on faisait dans les années 90 ou plus loin. Nous devons adopter un management politique en phase avec notre temps.

Est-ce que vous pensez vraiment qu’un appel va remettre à niveau le PAM, qui est en proie à une crise sans précédent ?

Il est clair que la formulation d’un appel ne va pas cicatriser ce que le parti endure depuis des mois. Un appel n’équivaut pas à une baguette magique et le changement ne viendra pas du jour au lendemain. L’idée est de déclencher une nouvelle dynamique d’unité.

Moins de deux jours après sa diffusion, votre appel a fait l’objet de certains membres du partis. L’unisson ne semble pas motiver l’ensemble des militants …

J’accepte volontiers les critiques si elles sont basées sur le fond de l’appel et non pas sur l’identité de ses signataires. Il faut dire que les egos, y compris le mien, ont prévalu dans les décisions prises au sein du parti et à un moment donné, il faut dépasser ces considérations personnelles. Trop d’ego finira par tuer cette flamme au sein du parti. Je considère que les différentes sensibilités du PAM n’ont pas un différend par rapport au projet politique, mais un différend de formes. Pensons donc à l’intérêt général du parti avant toute chose.

Est-ce que le secrétaire général du parti Hakim Benchamach a réagi à votre appel ?

À l’heure actuelle, le secrétaire général du parti n’a pas réagi à notre appel

Et les signataires de l’appel à la responsabilité ?

Non plus.

À la veille de la tenue de la première réunion du comité préparatoire du congrès, les clans se battent pour avoir la présidence de ce comité. Pourquoi ? 

Là aussi, c’est une question d’ego. C’est un poste honorifique et administratif ! C’est malheureux, car on se retrouve dans des guerres de clans qui ne sont pas au bénéfice du parti . Ce qui explique notre appel.

Dans la presse, on donne Abdelatif Ouahbi, Cheikh Biadillah ou Mustapha Bakkouri candidats au prochain congrès. Vous qui défendez le renouvellement des élites, que pensez-vous de ces candidatures ?

Personne ne peut se prévaloir d’avoir la majorité des militants derrière lui et aujourd’hui je dis que la nouvelle génération est plus sage que les cadors du parti. Le plus important est de rassembler nos rangs, la suite sera plus facile. Les ambitions des uns et des autres sont légitimes, mais on en est pas là, il faut qu’on regagne la confiance.

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