L’Espagne plaide auprès de l’UE pour renforcer l’aide apportée au Maroc

Le quotidien espagnol, El Pais, annonce que des responsables espagnols ont demandé à Bruxelles davantage de soutien en faveur du Maroc pour la lutte contre la migration irrégulière. Une preuve de plus que Madrid mise sur Rabat pour  pallier à la pression du flux migratoire en Méditerrannée occidentale.

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Image d'illustration. Crédit: Angelos Tzortzinis/AFP

Le gouvernement espagnol fait pression sur Bruxelles concernant le Maroc. Dans son édition du jour,  El Pais relaye la position de trois hauts-responsables espagnols ayant souligné l’importance du Royaume dans la gestion des flux de migrants sans papiers, appelant ainsi à garantir “un fond pluriannuel”, indique le quotidien.

Parmi eux, le quotidien espagnol cite deux noms : Élena Garzon, directrice générale des Relations internationales et de l’Immigration du ministère de l’Intérieur et Juan Enrique Taborda, chef du Commissariat général aux étrangers et aux frontières. Ces derniers s’en sont ouvert auprès de Simon Mordue, directeur général adjoint de la migration et des affaires intérieures de l’Union européenne, demandant “une augmentation du soutien financier au Maroc”, d’après le quotidien.

Rabat en attend plus

Garzon et Taborda auraient également insisté pour que Bruxelles “exécute dans les meilleurs délais”, l’aide promise à Rabat, le 17 décembre dernier. Une aide de 140 millions d’euros, en grande partie dédiée à appuyer la stratégie marocaine de migration et d’asile. Problème : depuis l’annonce, le Royaume est toujours en attente d’une partie de ce versement.Le gouvernement ne veut pas donner au Maroc une seule excuse pour qu’il arrête de contrôler à ses frontières – comme il le fait plus intensément depuis février – mais Bruxelles a ses propres rythmes”, écrit El Pais. 

Le quotidien revient également sur la teneur de cette aide, justement, jugée insuffisante côté Marocain. Pour le quotidien, Rabat n’accepterait pas une aide loin de ses attentes, d’autant que la Turquie, elle, “a reçu en 2015, la somme de 6.000 millions d’euros”, juge la publication ibérique et reprenant les propos du wali, Khalid Zeroual, en charge de la immigration et de la Surveillance des frontières. Ce dernier avait déclaré à l’agence AP (Associated Press) : “Nous dépensons plus que cela en un an”. Chose qu’avait confirmée, à TelQuel,  une source proche du dossier, quelques jours après l’annonce de cette aide :  “L’aide octroyée par l’UE est un bon début mais ne peut pas être ponctuelle, elle est appelée à perdurer dans le temps en raison du fait que la pression migratoire ne donne aucun signe d’atténuation, bien au contraire”.

Efforts significatifs

Simon Mordue s’est également réuni avec la secrétaire d’État aux Migrations, Consuelo Rumí, qui a insisté sur l’importance de « ne pas laisser le Maroc seul » face à la pression migratoire, appelant l’UE à garantir un soutien financier permanent au Royaume”.

Une pression sur les côtes marocaines que l’Espagne ne manquerait pas de mettre en avant auprès de Bruxelles, d’après El Pais. Le quotidien évoque alors un rapport interne de la Commission européenne qui relate les efforts “significatifs” du Royaume, suite à la visite du roi Felipe VI, en février dernier. Ainsi, il est évoqué l’amélioration de la surveillance des zones côtières du littoral méditerranéen, aux abords de Sebta  et Melilia également, mais aussi le retour forcé des populations subsahariennes depuis 2018. Un récent rapport de l’OIM n’avait pas manqué d’épingler le Royaume sur le traitement des personnes en transit sur son territoire. 46 % des migrants interrogés affirment avoir subi des dérives dans le Royaume.

Pas de quoi entacher la relation du nouvel axe Madrid – Rabat en Méditerranée occidentale, devenue première porte d’entrée des migrants en Europe. Pedro Sanchez, à quelques jours des législatives en Espagne, avait publié dans une revue espagnole que “le progrès et la prospérité du Maroc constituent un élément décisif pour la stabilité de la Méditerranée occidentale et en particulier pour l’Espagne”.

Plus récemment, le 23 mai, le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, avait expliqué que les services de sécurité marocains avaient déjoué plus de 30 000 tentatives de migration irrégulière en 2019, contre 88 761 tentatives déjouées sur l’année 2018. Une diminution du nombre de migrations illégales qui, pour lui, reflète le “grand effort” déployé par les forces de l’ordre marocaines contre le problème de la migration sans papiers et des réseaux de traite actifs dans cette région, mais aussi la coopération avec le voisin espagnol.