Des médicaments potentiellement cancérogènes retirés du marché

Le ministère de la Santé a procédé au retrait des pharmacies de tous les médicaments à base de ranitidine, une substance utilisée pour le traitement de l’ulcère gastro-duodénal et du reflux gastro-œsophagien. Cette molécule pourrait être fabriquée à partir d’un ingrédient cancérogène.

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Alerté par l’Agence européenne des médicaments (EMA), le ministère de la Santé a procédé au retrait des pharmacies de tous les produits contenant de la ranitidine. Cette substance est largement utilisée dans le traitement des ulcères gastro-duodénaux et du reflux gastro-œsophagien. Elle est également prescrite pour traiter et prévenir diverses affections, comme les brûlures d’estomac et l’indigestion acide. Dans un communiqué publié le 20 septembre, l’EMA a annoncé la mise en évidence de N-nitrosodiméthylamine (NDMA) dans des médicaments à base de ranitidine.

« La NDMA est classée comme cancérogène probable pour l’homme, sur la base d’études menées sur des animaux », rappelle l’EMA. Et d’ajouter : « Cette substance ne devrait pas être nocive si elle est ingérée à des concentrations très faibles. » L’exposition à long terme à des concentrations dépassant celles jugées sûres pourrait accroître le risque de cancer. Cette substance se trouve, en quantités réduites, dans certains aliments comme les viandes, les produits laitiers et certains légumes, mais aussi dans l’eau potable.

Neuf médicaments concernés au Maroc 

Faisant suite à cette alerte internationale, la Direction des médicaments et de la pharmacie au ministère de la Santé a adressé un courrier aux pharmaciens pour arrêter la distribution des médicaments à base de ranitidine. Il s’agit, selon le document dont TelQuel détient copie, de neuf médicaments : Pep, Rani, Azantac, Acidac, Normacide, Zantac, Ranitil, Efitac et Ranimat.

« Une fois alertés par le ministère, nous avons appelé les pharmaciens à retirer les lots de médicaments concernés et les retourner aux laboratoires », précise Mohamed Lahbabi, président de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM). Il poursuit : « Il s’agit pour le moment d’une suspicion de présence d’un ingrédient cancérogène dans cette substance. Le retrait du marché des médicaments à base de ranitidine s’est imposé à titre préventif en attendant les résultats des investigations des organismes compétents. »

Cette opération ne doit pas avoir de répercussions sur les patients qui consomment ce genre de médicaments. « Des alternatives à la ranitidine existent sur le marché marocain et elles ont quasiment le même effet. Il s’agit des inhibiteurs de la pompe à protons ou IPP comme l’oméprazole, l’ésoméprazole ou le lansoprazole », rassure le pharmacien. Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament en France (ANSM), il n’est pas nécessaire de stopper immédiatement le traitement ni de rapporter les boîtes.