Ayoub, 18 ans, trois ans de prison ferme pour “outrage à la personne du roi” ; Moul Kaskita, Youtubeur, quatre ans fermes pour “offense au roi” ; Hamza dit Stalin, jeune rappeur de Laâyoune, 4 ans fermes pour “atteinte aux sacralités” ; Abdelali Bahmad, poursuivi en état de détention pour “outrage au drapeau et atteinte à l’intégrité territoriale”… L’enchaînement de ces affaires inquiète. Il dénote d’une judiciarisation accélérée de l’expression libre. Sous la nouvelle Constitution, une certaine démocratisation de la parole a pris forme sur le Web. Les Marocains ont parlé, critiqué, ce qui a laissé entendre qu’un périmètre de liberté s’était ancré sur les réseaux sociaux. Avec l’illusion que l’Etat fermait les yeux sur ce qui se déroulait dans l’espace virtuel. Cette dynamique a culminé avec le mouvement de boycott, lequel, regroupant des millions d’internautes, a déstabilisé les trois marques que l’on connaît.
En réalité, ce souffle organique n’est pas né d’un état permissif, mais d’une prise de…“Comment pouvait-on s’imaginer une seule seconde que des millions de jeunes victimes d’un chômage endémique se résignent, se taisent”