Les familles des détenus du Hirak entament une grève de la faim

Les familles des détenus du Hirak entament une grève de la faim de 48 heures en solidarité avec les détenus du mouvement de contestation dans le Rif, a annoncé le 5 mars l’association Thafra.

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Les parents de Nasser Zefzafi ont transformé leur salon en sanctuaire dédié au leader du Hirak, condamné à 20 ans de prison. Crédit: Yassine Toumi/TelQuel

En solidarité avec Nasser Zefzafi et Nabil Ahamjik, qui en sont à leur 17e jour de grève de la faim, l’association Thafra, présidée par Ahmed Zefzafi (père de Nasser Zefzafi) pour la loyauté et la solidarité avec les détenus du Hirak a annoncé que “les familles des détenus du Hirak, leurs amis et plusieurs activistes ont décidé d’entamer une grève de la faim de 48 heures à partir de cette semaine”.

La structure associative explique sur sa page Facebook que cette action survient alors que “les détenus luttent pour leurs droits fondamentaux, à savoir : rassembler tous les détenus du Hirak, mettre fin aux restrictions sur le droit de visite, avoir accès aux soins de santé, aux communications téléphoniques, aux journaux, aux livres et aux magazines, et mettre fin aux maltraitances qu’ils subissent…” Et d’ajouter : “Les porteurs de cette initiative appellent l’ensemble des forces vives du pays à se mobiliser pour le respect des conditions de détention, pour briser le silence, et pour la libération immédiate des détenus”.

État de santé dégradé

La semaine dernière, une nouvelle confrontation a opposé Ahmed Zefzafi et la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) sur cette question de grève de la faim. Dans un live diffusé le 27 janvier sur sa page Facebook, le père du leader du Hirak du Rif affirme que son fils et Nabil Ahamjik maintiennent leur grève de la faim.

“Ils vont finir par mourir dans vos prisons”

Ahmed Zefzafi

Quatre autres détenus dans la prison locale de Guercif sont aussi en grève. Pour sa part, Mahmoud Bouhanouch (détenu dans la prison de Nador, ndlr) a observé une grève de la faim de 48 heures en solidarité avec les autres détenus”, précise-t-il.

Ahmed Zefzafi a fait également état de “la mauvaise santé” de son fils, dont une hypoglycémie “avec 0,58 de taux de sucre dans le sang”. “Je dis aux responsables que malgré les mauvaises conditions, les détenus ne vont pas faire marche arrière. Ils vont finir par mourir dans vos prisons. Pour notre part, nous ne faisons plus confiance aux responsables, car la prison détruit la santé du détenu avant de le relâcher”, indique-t-il.

La DGAPR dément une énième fois

De son côté, la DGAPR a affirmé que les propos du père de Nasser Zefzafi “sont dénués de tout fondement”. Dans un communiqué diffusé le 28 février, l’administration pilotée par Mohamed Saleh Tamek écrit : “La grève de la faim de son proche (Nasser Zefzafi, ndlr) incarcéré à la prison locale de Ras El-Ma à Fès n’a pas dépassé trois jours.” Et d’ajouter que “la DGAPR n’a pas été notifiée par un document écrit et signé du détenu concernant son entrée en grève de la faim, et ce contrairement aux procédures en vigueur”.

“Aucun de ces détenus n’est entré en grève de la faim”

DGAPR

La Délégation générale à l’administration pénitentiaire précise qu’Ahmed Zefzafi “a diffusé des mensonges au sujet de deux établissements où sont incarcérés des détenus dans le cadre des mêmes événements, en avançant qu’ils observent une grève de la faim en signe de solidarité avec leur proche”. Et de trancher : “Aucun de ces détenus n’est entré en grève de la faim.

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La DGAPR a accusé le père du leader du Hirak du Rif “de continuer à faire circuler des faussetés et des mensonges sur l’État de manière générale, et plus particulièrement sur la DGAPR, mais s’emploie à trouver support auprès de parties étrangères à son pays”.

L’association Thafra pour la loyauté et la solidarité avec les détenus du Hirak avait annoncé, le 19 février, que Nasser Zefzafi et Nabil Ahamjik entamaient une grève de la faim pour une durée indéterminée. Les deux figures du mouvement de contestation dans le Rif pointent, entre autres, leurs conditions de détention.