En pleine pandémie, l’événementiel navigue en eaux troubles

Le secteur de l’événementiel, mis à genoux par la crise sanitaire actuelle, subit de plein fouet les répercussions néfastes d’un arrêt brutal de son activité, qui atteint, en temps normal, son pic juste avant le mois du ramadan.

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La pandémie de coronavirus frappe le secteur de l'événementiel en pleine saison des festivals. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Les opérateurs du secteur de l’événementiel nagent dans l’incertitude. Ils pâtissent déjà de difficultés de trésorerie et anticipent une baisse conséquente de leur chiffre d’affaires face aux annulations en cascade d’événements et manifestations majeurs, en application des mesures de confinement sanitaire.

Mauvais timing

Le secteur est à l’arrêt quasi total. À part quelques opérateurs qui ont été sollicités durant cette crise pour participer à la mise en place de divers aménagements, parfois gracieusement, la grande majorité des professionnels de l’événementiel est au chômage”, déplore le président du Groupement professionnel des prestataires de l’événementiel du Maroc GPPEM, Aziz Bouslamti, dans une interview accordée à la MAP.

“Si les prévisions faites au niveau mondial au sujet du Covid-19 s’avèrent justes, l’année sera quasi chômée pour notre secteur”

Aziz Bouslamti, GPPEM

La pandémie actuelle est encore plus sévère, car elle surgit en pleine haute saison pour les professionnels, qui atteignent leur pic d’activité avant début du mois sacré. “Le gros de l’événementiel institutionnel, qui représente la grande partie des manifestations, se déroule avant le mois de ramadan, après ramadan et avant le 15 juillet, et entre mi-septembre et mi-décembre. Si les prévisions faites au niveau mondial au sujet du Covid-19 s’avèrent justes, l’année sera quasi chômée pour notre secteur”, alerte Aziz Bouslamti.

Écosystème en souffrance

Les très petites et moyennes entreprises, qui dominent le secteur, digèrent mal ce repli de la demande et voient leur trésorerie basculer dans le rouge. Une crise qui n’épargne aucun maillon de l’écosystème événementiel, des “petites mains” engagées dans la foulée d’un événement aux structures beaucoup plus formelles.

Le Salon international de l’agriculture (SIAM) de Meknès a été le premier événement à annoncer son annulation au Maroc à cause du Covid-19, le 2 mars.Crédit: Yassine Toumi/TelQuel

À en croire Aziz Bouslamti, “l’organisation d’un événement sollicite l’hôtellerie, les centres de conférence en tout genre, le transport aérien et terrestre, les loueurs de matériel roulant, les traiteurs, les sociétés de son, image et lumière… tous se réunissent autour des agences événementielles qui s’occupent de la coordination de l’ensemble de ces métiers pour la réussite d’un événement”.

Sauver l’emploi

Le groupement, qui prend la pleine mesure de la menace planant sur le secteur, n’a pas tardé à réagir pour soutenir ses membres. “Nous avons communiqué à la Fédération du commerce et des services les doléances des membres du GPPEM, qui ont été prises en considération par le comité mis en place par la CGEM. Nous informons aussi nos adhérents de toutes les mesures proposées par le Comité de veille économique (CVE) pour soutenir l’entreprise marocaine”, assure Aziz Bouslamti.

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La sauvegarde de l’emploi figure parmi les priorités du groupement qui a appelé ses membres les mieux dotés à être solidaires envers leurs employés, en continuant de verser leurs salaires le plus longtemps possible, et à soutenir leurs petits fournisseurs en réglant les factures échues à ce jour.

Afin de préparer le secteur de l’événementiel pour la période d’après Covid-19, le GPPEM mène actuellement une réflexion sur les moyens à même d’atténuer les effets de la crise sur ce secteur dit “non prioritaire”. Une refonte de l’approche commerciale et des modes opératoires des professionnels s’avère primordiale pour préserver la compétitivité du secteur dans une conjoncture économique où les mesures d’austérité regagnent les politiques budgétaires. “Il faut penser à revoir les structures, les investissements et les priorités en termes de management”, insiste le président du GPPEM.

(avec MAP)