Selon l’OMS, le virus pourrait “ne jamais disparaître”

Le nouveau coronavirus pourrait “ne jamais disparaître” et devenir une maladie avec laquelle l’humanité devra apprendre à vivre, a averti l’Organisation mondiale de la santé, alors que le bilan mondial s’approche ce 14 mai des 300.000 morts.

Par

Michael Ryan, directeur des questions d'urgence sanitaire à l'OMS, lors d'une conférence de presse virtuelle sur le Covid-19. Crédit: AFP

Au moment où des pays commencent à lever progressivement les restrictions imposées pour tenter de freiner l’épidémie apparue en décembre en Chine, l’OMS a lancé mercredi 13 mai un message alarmant. “Nous avons un nouveau virus qui pénètre la population humaine pour la première fois et il est en conséquence très difficile de dire quand nous pourrons le vaincre”, a déclaré Michael Ryan, directeur des questions d’urgence sanitaire à l’OMS, lors d’une conférence de presse virtuelle à Genève. “Ce virus pourrait devenir endémique dans nos communautés, il pourrait ne jamais disparaître”, a-t-il insisté.

Les microgouttelettes de salive générées par la parole peuvent rester suspendues dans l’air d’un espace fermé pendant plus de dix minutes

Autre élément inquiétant, une étude montre que le coronavirus pourrait bien se transmettre non seulement par la toux ou l’éternuement mais même par la parole. Les microgouttelettes de salive générées par la parole peuvent rester suspendues dans l’air d’un espace fermé pendant plus de dix minutes, selon une expérience publiée le 13 mai dans la revue PNAS et qui souligne le rôle probable des microgouttelettes dans la pandémie de Covid-19.

Les gouvernements tentent de trouver le difficile équilibre entre les mesures visant à enrayer la propagation de la maladie et les décisions propres à relancer leurs économies et à normaliser la vie des citoyens. La réouverture des frontières est un des enjeux du débat. La Commission européenne a souhaité mercredi une réouverture “concertée” et “non discriminatoire” des frontières intérieures de l’UE afin d’empêcher le naufrage du secteur du tourisme, qui représente 10 % du PIB et 12 % des emplois dans l’Union.

Les États-Unis accusent la Chine

Les États-Unis, pays le plus touché au monde avec plus de 1.800 morts en 24 heures mercredi, soit un total de 84.000 morts, ont accusé mercredi la Chine de chercher à espionner leurs chercheurs dédiés à la lutte contre le nouveau coronavirus. Washington ne cesse d’imputer aux autorités de Pékin la gravité de la crise, qui, au-delà de son terrible bilan humain (4,3 millions de cas, plus de 295.000 morts), a mis en sommeil des pans entiers de l’économie.

Un test de dépistage du Covid-19 dans une église d’Harlem, à New York, le 13 mai 2020. Angela Weiss/AFP

Selon les États-Unis, le secteur de la santé, mais aussi ceux de la pharmacie et de la recherche, sont “ciblés” par la Chine, qui, via des pirates informatiques, des étudiants ou des chercheurs, tente de leur voler leurs travaux sur un vaccin, des traitements ou de nouveaux tests de dépistage, ont accusé les États-Unis. Avant que Washington ne porte publiquement ces attaques, la presse s’en était fait l’écho, et Pékin avait dénoncé par avance des “rumeurs et des calomnies”.

“Ils ne se rendent pas compte du tremblement de terre qui s’annonce”

Dr Ibrahim Musa, au Nigeria

Depuis des semaines, le président américain Donald Trump accuse la Chine d’avoir dissimulé l’ampleur de l’épidémie, apparue fin 2019 dans la ville de Wuhan, et d’avoir ainsi facilité sa propagation. Selon un haut responsable sanitaire limogé récemment par le président, Rick Bright, les États-Unis n’étaient pas assez “préparés” pour faire face au virus. Faute de réponse coordonnée, il y aura une “recrudescence des cas à l’automne” et “2020 sera l’hiver le plus sombre de l’histoire moderne”, a estimé M. Bright.

L’Afrique épargnée, vraiment ?

L’Afrique est jusqu’à présent relativement épargnée par la pandémie, qui y a officiellement fait moins de 2.500 morts. Mais les indices indiquant que ce bilan est fortement sous-estimé se multiplient.

Ainsi, la hausse importante des décès pour la plupart inexpliqués dans le nord du Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, fait craindre une forte propagation du coronavirus dans cette région parmi les plus pauvres du monde. “Ils ne se rendent pas compte du tremblement de terre qui s’annonce”, met en garde le Dr Ibrahim Musa, médecin de la région.