Les cinq scénarios du HCP pour le déconfinement

D’après les projections du HCP, le maintien de la situation actuelle déboucherait sur une tendance à la baisse de la propagation du virus vers la fin du mois de juillet.

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Salé, début mai 2020. Crédit: Rachid Tniouni/TelQuel

A travers une étude publiée le 17 mai sous le titre “Pandémie Covid-19 dans le contexte national : situation et scénarios”, le Haut commissariat au plan (HCP) fait le point sur les différents scénarios de déconfinement ainsi que leurs conséquences sanitaires sur la population. Un déconfinement qui est, aux yeux du patron du HCP Ahmed Lahlimi, “un impératif dicté par la nécessité d’une politique post-pandémique de résilience économique, de stabilisation sociale et d’apaisement du climat psychologique du pays”.

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Les auteurs du rapport ont également tenu à préciser dès l’introduction du document que “cette analyse ne prétend nullement apporter des conclusions définitives à la crise actuelle mais plutôt de proposer une contribution constructive aux débats sur les options de sortie de crise”. D’après le HCP, ces modèles statistiques et épidémiologiques “ont été mis en place en fonction des différentes mesures sanitaires (distanciation physique, autoprotection, test et isolement) pour permettre de simuler les impacts des différents scénarios de déconfinement envisagés”.

La méthodologie de l’instance statistique officielle s’articule autour du nombre de reproduction, dit R0, qui varie en fonction des mesures sanitaires envisagées.

Scénario d’évolution naturelle

Ce modèle suppose une propagation naturelle du virus sans aucune barrière au sein de la majorité de la population, et ce jusqu’à l’acquisition “éventuelle” d’une immunité collective. Invraisemblable et théorique, ce scénario “permet en fait de mesurer les acquis des autres scénarios”, précise le HCP.

Avec un R0 égal à 2,6, ce scénario “aboutirait à un pic de l’épidémie qui est atteint tôt, avec un nombre très élevé de cas infectés induisant une forte pression sur le système sanitaire et un taux de létalité élevé”. Selon les auteurs de l’étude, près de 80 % de la population se trouverait contaminée.

Scénario tendanciel

Ce cas de figure suppose une reconduction des mêmes mesures prises actuellement (confinement quasi total, fermeture des commerces non essentiels, etc.). Le R0 actuel inférieur à 1 (0,76) signifie naturellement que la pandémie décroît et tend vers la disparition. D’après le HCP, un tel scénario aboutirait à 7800 cas infectés cumulés début juillet, avec une tendance dégressive vers un chiffre faible à fin juillet.

En revanche, “tant qu’il n’y a pas un vaccin ou une immunité communautaire acquise, (le virus) continuera à se propager avec un risque de rebond”, signalent les auteurs de l’étude, ajoutant qu’il est “nécessaire d’envisager des scénarios de déconfinement à impact économique et social positif mais tout en contrôlant d’une part les risques de transmission et d’autre part la pression sur système de santé national”.

Scénario de déconfinement généralisé

Il s’agit là d’un déconfinement de la population âgée de moins de 65 ans non atteinte de maladies chroniques (chiffrée à 27,5 millions de personnes par le HCP). Avec un R0 à 1,248 en supposant le maintien des mesures d’autoprotection (masques, utilisation du gel hydroalcoolique, etc.), 8 % de la population serait infectée en 100 jours.

Le système sanitaire serait submergé en 62 jours avec seulement un taux d’hospitalisation de 10 % des cas actifs”, indique le HCP. Sans mesures d’autoprotection (et un R0 à 1.56), le nombre d’infectés cumulé approcherait les 50 % de la population, débouchant sur une submersion du système de santé en 28 jours seulement.

Scénario de déconfinement large

Ce modèle suppose un déconfinement de la population active occupée (travailleurs) âgée de moins de 65 ans et de la population âgée de moins de 15 ans, non atteinte de maladies chroniques (16,7 millions). L’idée est d’ouvrir l’économie tout en assurant un retour progressif des activités sociales.

Ce déconfinement augmenterait le nombre de contacts par jour des sujets infectés de 24 % et par conséquent accroîtrait le nombre d’infections portant le R0 à 0,94 dans le cas du maintien des mesures d’autoprotection”, prévoit le HCP. D’après la même source, ce scénario induirait pas moins de 31.663 cas confirmés positifs en 100 jours avec un pic de 3200 cas infectés actifs, “ce qui se traduirait par un besoin maximal de 3200 lits d’hospitalisation (100 % d’hospitalisation), de 160 lits de réanimation (5 % des infectés actifs) et aboutirait à 1266 décès (4 % des infectés cumulés)”. Sans mesures d’autoprotection, le nombre de cas infectés cumulés monterait à 844.000 cas.

Scénario de déconfinement restreint

En déconfinant la population engagée dans l’économie âgée de moins de 65 ans non atteinte de maladies chroniques (estimée à 7,9 millions), l’objectif serait d’“ouvrir l’économie sans compromettre la population qui présente un risque élevé de développer des complications vis-à-vis de cette maladie”, estime le HCP.

Avec un R0 à 0,864 en supposant le maintien des mesures d’autoprotection, 18.720 cas confirmés positifs cumulés seraient recensés en 100 jours avec un pic de 3200 cas infectés actifs, et 748 décès seraient comptabilisés. Sans mesures d’autoprotection, le nombre d’infectés cumulé grimperait à plus de 155.920 cas après 100 jours.