Azeddine Ibrahimi : “Le déconfinement ne pouvait pas se faire avant l’Aïd”

Pour tenter de garder le contrôle sur la situation épidémique, le Maroc a décidé de prolonger l’état d’urgence et les mesures de confinement jusqu’au 10 juin. Annoncée par le chef du gouvernement lundi 18 mai, la nouvelle divise l’opinion publique, mais pas les spécialistes.

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Azeddine Ibrahimi est directeur du laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat.

Le chef du gouvernement Saâd-Eddine El Othmani a mis fin au suspense lundi 18 mai en annonçant la prolongation de l’État d’urgence et des mesures de confinement des citoyens jusqu’au 10 juin, alors que le déconfinement partiel devait être entamé ce mercredi 20 mai.

Mais si cette décision divise l’opinion publique, elle est juste et réfléchie pour Azeddine Ibrahimi, le directeur du laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, dont les propos ont été recueillis par TelQuel Arabi. Avant l’annonce du gouvernement, le spécialiste affirmait : “On ne peut pas parler d’un déconfinement, même partiel, avant Aïd Al Fitr”, précisant que si l’état d’urgence n’avait pas été prolongé après le 20 mai, le pays risquait le pire. “On aurait pu voir grimper le nombre de cas, surtout que cette période de fête connaît beaucoup de visites familiales.

Pour un déconfinement progressif

D’après lui, le déconfinement devait néanmoins être entamé de façon partielle trois jours après l’Aïd. “La levée doit se faire partiellement, autrement, ce serait une grave erreur. Il faut un déterminer un plan, qui reste dépendant de la vitesse de propagation du virus et du R0 qu’on doit maintenir sous la barre de 1, mais le déconfinement total peut avoir les pires répercussions”, expliquait-il.

“On doit commencer par les villes qui n’ont pas enregistré de cas pendant les deux dernières semaines”

Azeddine Ibrahimi

Un déconfinement qui devrait se faire par régions, d’après le directeur du laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de la capitale. “On doit commencer par les villes qui n’ont pas enregistré de cas pendant les deux dernières semaines, en contrôlant l’accès à ces zones de la part des personnes en provenance des zones rouges de contamination”, estime Azeddine Ibrahimi.

Toutes les conditions devront être réunies pour éviter le pire, d’après le spécialiste, qui insiste sur le fait que toutes les mesures de sécurité sanitaire et de distanciation sociale doivent être maintenues même après la levée de l’état d’urgence sanitaire. “Il faut garder un œil sur notre système de santé pour que la situation reste sous contrôle, communiquer avec le citoyen pour le sensibiliser à garder les bonnes habitudes sanitaires, en l’informant que le confinement peut entrer une nouvelle fois en vigueur si le nombre de cas monte en flèche suite au déconfinement.