Une première au Maroc. Le tribunal de la famille de Casablanca, saisi dans l’affaire “Leila et l’avocat”, opposant Mohamed Tahari à son ancienne fiancée, a ordonné lundi 12 avril au plaignant de reconnaître sa fille Nour, née de leur liaison “extraconjugale” (mariage par fatiha).
L’affaire, très médiatisée en raison de ses nombreux rebondissements, cristallise à elle seule les contradictions entre l’article 490 du Code pénal qui interdit les rapports sexuels hors mariage, et le Code de la famille qui protège, en théorie, les femmes et leurs enfants.
Feuilleton judiciaire
En 2010, Leila S., 24 ans à l’époque, se marie par fatiha à l’avocat Mohamed Tahiri et tombe enceinte. Alors qu’elle demande au père la reconnaissance de paternité de sa fille, elle s’aperçoit qu’il ne souhaite pas reconnaître l’enfant, mais qu’en plus, il est déjà marié. L’épouse de l’avocat, désormais au courant de l’histoire, porte plainte.
Le 7 octobre de la même année, Leila S. avait elle-même déposé une plainte pour la reconnaissance de paternité de son enfant. Elle sera plus tard arrêtée, dans un café, pour chantage et adultère. Libérée grâce à la mobilisation d’un collectif de soutien, Leila maintient sa demande de reconnaissance de l’enfant.
Le 18 janvier 2021, le juge du tribunal de la famille de Casablanca a ordonné qu’un test ADN soit effectué pour déterminer la paternité de l’enfant. Refusant d’abord de s’y soumettre — ce qui, pour le tribunal, revient à un aveu — l’avocat a finalement obtempéré. Le 12 avril, ce même tribunal a annoncé que les résultats des tests ADN permettaient de confirmer que Mohamed Tahari était bien le père de la petite fille. Une “grande victoire” pour Leila S. d’après Youssef Chehbi, avocat à Casablanca.
Rendu en première instance, le verdict peut encore être contesté en appel par Mohamed Tahari et sa femme, “ce qu’ils ne manqueront pas de faire, si ce n’est pas déjà fait”, assure Me Chehbi.