Condamnations à mort et exécutions en 2020 : le tour du monde d’Amnesty International

Dans plusieurs régions du monde, la peine de mort persiste. Dans son dernier rapport, Amnesty International fait le bilan d’une année 2020 mortifère, mais sans comparaison avec les précédentes. Au Maroc, une condamnation à mort a été prononcée l'année dernière.

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Manifestation à Berlin contre la peine de mort en Iran. Crédit: Christoph Soeder / dpa / AFP) / Germany OUT

Ce 21 avril a été publié “Condamnations à mort et exécutions en 2020”. Dans ce rapport d’Amnesty International, il est question de la pratique de la peine capitale à travers le monde et d’une analyse des avancées en la matière. Malgré la pandémie du coronavirus, 18 pays ont prononcé des condamnations à mort et ont procédé à des exécutions sommaires.

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Numéro 1 : la Chine 

Une rue près d’un marché à Wuhan, dans la province centrale du Hubei en Chine, le 19 janvier 2021.Crédit: Hector RETAMAL / AFP

De tous les pays qui ont eu recours à la peine de mort en 2020, la Chine est en tête de file. Malgré les difficultés de recensement, Amnesty International a tenter d’estimer les peines de mort souvent classées secret d’État en Chine. On parle de plusieurs milliers d’exécutions. Toujours selon le rapport, au moins une personne a été condamnée à mort et exécutée pour infraction aux mesures de prévention visant à juguler la pandémie de Covid-19.

En deuxième position vient l’Iran, avec plus de 246 exécutions en 2020. En 3e, 4e et 5e position, ce sont respectivement l’Égypte avec plus de 107 exécutions, l’Irak (plus de 45) et l’Arabie saoudite (27). Ces trois pays sont responsables à eux seuls de plus de 88 % des exécutions recensées dans le monde en 2020.

Une année historique

Ce chiffre en baisse résulte en partie de l’interruption des exécutions décidée dans certains cas en raison de la pandémie

Malgré ces chiffres qui font froid dans le dos, Amnesty note qu’ils sont au plus bas depuis une décennie. Au niveau mondial, au moins 483 personnes ont été exécutées en 2020. À titre de comparaison, il y a une baisse de 70 % par rapport au pic de 1634 exécutions recensées en 2015.

Le rapport indique que ce chiffre en baisse résulte en partie de l’interruption des exécutions décidée dans certains cas en raison de la pandémie. À titre d’exemple, le nombre d’exécutions recensées en Arabie saoudite a chuté de 85 %, passant de 184 en 2019 à 27 en 2020, et de plus de 50 % en Irak, où il est passé de 100 en 2019 à 45 en 2020.

Une condamnation au Maroc

Souvent pointé du doigt par Amnesty International, notamment en matière de respect des droits de l’Homme, le Maroc est cette fois-ci relativement épargné par l’ONG. Le royaume, présenté comme un pays abolitionniste en pratique (aucun condamné à mort n’a été exécuté depuis 1993), n’a prononcé qu’une seule condamnation à mort l’année dernière, selon le rapport.

Celle-ci, prononcée en septembre 2020, fait suite à l’homicide volontaire et à la mutilation aggravée du corps d’un enfant par son père et sa nouvelle femme à Larache, près de Tanger. Les chefs d’accusation retenus contre les deux criminels sont l’homicide volontaire avec préméditation, l’emploi d’actes de barbarie à l’encontre des descendants et la mutilation du cadavre, selon les articles 392 et 399 du Code pénal marocain.

Cette sentence a mis de l’huile sur le feu et alimenté le débat entre partisans de l’abolition de la peine de mort et les voix réclamant son application. Surtout que ce verdict est tombé deux semaines après l’affaire du viol et de l’assassinat du jeune Adnane Bouchouf à Tanger, qui a défrayé la chronique et mobilisé la société civile. L’assassin a lui aussi été condamné à mort, en janvier dernier. Une condamnation confirmée le 6 avril.

Des avancées

Si, pour l’instant, l’abolition globale de la peine de mort n’est pas pour demain, cette année a été ponctuée de quelques avancées en la matière. En 2020, le Tchad et l’État du Colorado, aux États-Unis, ont aboli la peine de mort. Le Kazakhstan s’est engagé à l’abolir au titre du droit international, et la Barbade a procédé à des réformes afin de supprimer l’imposition obligatoire de la peine capitale, note Amnesty International.

À l’heure actuelle, 108 pays ont déjà aboli la peine de mort pour tous les crimes, et 144 pays l’ont abolie en droit ou dans la pratique.