Parvenu à l’âge “d’avoir des souvenirs”, Najib Refaïf restitue les siens sous forme de “micro-récits autobiographiques”, “cherch(ant) inlassablement la face cachée d’un monde perdu”. Son récit fluide et dans une langue élégante emmène d’abord ses lecteurs à Fès et ressuscite l’antagonisme entre les gens de la médina et ceux de Fès Jdid, “quartier farouche, historiquement et sociologiquement makhzanien” et à la “réputation sulfureuse”. Puis c’est le départ pour Rabat : “Fès est une ville que l’on quitte comme un amour contrarié dont on ne veut garder uniquement le souvenir”, lui dit un ancien camarade. Ce sont les années étudiantes, l’insouciance entachée par les arrestations et la disparition d’“absents n’ayant pas toujours tort”, mis en prison, ou escamotés aux leurs “pour un certain temps, c’est-à-dire un temps incertain”, ou encore par le service “civil” destiné à casser les contestataires. Najib Refaïf raconte la précarité : “Quand les fonctionnaires avaient des fins de mois difficiles, la faune estudiantine, elle, avait des…