Zakaria Boualem avait anticipé la défaite, lui...

Par Réda Allali

Zakaria Boualem a encore une fois été éliminé au premier tour, c’est presque une non-information. Il faudrait peut-être que notre fédération, que Dieu l’assiste, songe à capitaliser sur cette remarquable expertise… Si on apprend de nos échecs, alors nous devrions être une mine de science, il serait utile diffuser tout cela. Mais même quand on s’attend au désastre, les bougres arrivent tout de même à nous surprendre. Oui, même Zakaria Boualem, pourtant expert en préparation psychologique d’avant-compétition. Quelques semaines avant la Coupe d’Afrique, il commence par se mettre en condition en se répétant qu’on ne va pas passer, il entretient une sorte de détachement hypocrite, fait exprès d’arriver en retard pour les matches alors qu’il bouillonne depuis des heures, se force à zapper au milieu du match pour éviter la surcharge émotionnelle. Ce n’est pas de la négativité, c’est juste une façon de se protéger. Car oui, le Guercifi est sensible… Et bien malgré toute cette science de l’amortissage de choc anticipatif de défaite, ils nous ont concocté un scénario qui nous a plongé dans les ténèbres, c’est affreux. Il faut dire qu’à force de se faire éliminer, on a fini par épuiser toutes les manières de l’être. Cette saison, donc, hiver 2013, nous avons eu droit au « spécial ascenseur émotionnel, option coup de poignard », un modèle d’élimination très raffiné, tbarek Allah.  Donc après le match, comme d’habitude, zapping sur la chaîne Animaux, observation des reptiles, silence total et mise au lit absurde vers 20 heures, vous connaissez bien le rituel depuis le temps qu’on se connaît. La vraie nouveauté, c’est qu’on s’est mis à nous présenter cette élimination comme une bonne nouvelle. On a failli se qualifier. C’est bien, al hamdoulillah. Rappelons que faillir signifie échouer sauf chez nous ou il veut dire réussir presque, donc réussir.

 

Aussitôt (le football ayant le fascinant pouvoir d’autoriser à dire à peu près tout) les analystes se sont déchaînés. Il y a ceux qui veulent virer tout le monde, ceux qui veulent virer personne parce qu’il y en a marre de virer tout le monde, ceux qui louent le coaching de Taoussi avec Hafidi, ceux qui rappellent qu’il a voulu le virer, ceux qui expliquent qu’on est nuls parce qu’on a pas de stratégie, les autres qui se demandent s’il faut une stratégie pour battre le Cap Vert, ceux qui disent que nous sommes des nains en football, d’autres qui répètent que nos clubs sont plutôt performants en Afrique, c’est un véritable festival… Zakaria Boualem ne s’exprimera pas sur ces points, il y a des limites au radotage. Il préfère s’intéresser aux forces occultes qui  bloquent notre avancés vers les lumières de la gloire. Car il est évident que nous sommes en train d’expier une faute, il faut commencer à envisager le surnaturel pour expliquer cette terrible malédiction. Il est nécessaire de remonter au temps ou nous refusions de participer à la Coupe d’Afrique pour comprendre la faute originelle. Ce n’est qu’en 1972 que nous daignons nous intéresser à cette affaire, une première participation tardive pour une première élimination au premier tour après trois nuls, déjà. Avant, ce n’était pas assez bien pour nous, on s’inscrivait pas à ce truc. Et ce n’est qu’en 1988 qu’on se décide enfin à l’organiser, devenant le seul pays d’Afrique du nord à ne pas la gagner à la maison – et malgré une génération en or. Quand on a compris que cette coupe était importante, qu’il était temps de garnir un peu notre palmarès plein de presque et que nous ne gagnerions pas l’autre, celle du Monde, ben c’était trop tard, les esprits vexés avaient décidé de nous châtier, on connaît leur susceptibilité. Pour nous faire ravaler notre morgue, il ont décidé de nous apprendre la géographie africaine bezzez. Dorénavant, tous les Marocains connaissent le Cap Vert. L’an passé, c’était la République Centrafricaine que nous avons découverte malgré nous. Aujourd’hui, nous connaissons la différence entre la Côte d’Ivoire de Drogba et le Sénégal, pas qualifié. Sans foot, on s’en foutrait… Voilà, il faut juste savoir combien de temps ce cauchemar va durer pour arrêter de s’exciter pour rien, et merci.