A São Paulo, Zakaria Boualem a visité le musée du football. Il en est sorti submergé d’émotions et il va vous raconter cette expérience sans plus attendre. Ça commence par une petite visite à travers les différentes Coupes du monde, présentées chacune sous une bannière « pourquoi nous ne l’avons pas gagné » ou « pourquoi nous l’avons gagné ». Cette seule question est formidable : le Brésilien considère qu’il doit gagner chaque Coupe du monde et lorsque ce n’est pas le cas, il cherche des explications à cette anomalie insupportable, tout cela avec de l’humour. Pour l’édition 86, par exemple, la raison avancée est que « Maradona est né un peu trop au sud ». Il y a ensuite une salle où on peut réécouter les commentaires radio originaux des matchs historiques, une autre où on est plongé au cœur d’une tribune ultra grâce à des effets vidéo et audio à couper le souffle.
Juste après cette salle explosive, il y a celle de la nakba, où les visiteurs hébétés ont droit à une diffusion au ralenti du but de l’Uruguay en finale au Maracanã en 1950, sur fond de musique mélodramatique. Ambiance mortuaire, personne n’ose parler. Zakaria Boualem n’a pas pu s’empêcher de penser à ce qu’il adviendrait si le Brésil ne gagnait pas cette édition, il faudrait sans doute rajouter une nouvelle salle funèbre.
Et puis il y a cette déambulation à travers les différentes éditions de la Coupe du monde, toutes replacées dans leur contexte historique et culturel. En revoyant ces images, Zakaria Boualem s’est revu lui, gamin, devant sa télé. Il a réalisé qu’il s’agissait là d’une véritable mémoire collective, mondiale, intense, peut-être même la seule. En regardant les dribbles de Careca ou la joie de Tardelli, c’est lui-même qu’il voyait, et c’était bouleversant.
Il a ensuite parcouru la dernière partie du musée, consacrée à la partie technique du jeu, en état de lévitation. Pour chaque geste technique, on vous explique qui l’a inventé, où il a été vu pour la première fois, et vous avez droit à une compilation vidéo. Oui, il existe un endroit au monde où on peut se poser devant un écran qui diffuse en boucle des petits ponts, patiemment sélectionnés à travers l’histoire. Un autre zone pour les têtes plongeantes, un peuple à qui il vient ce genre d’idée peut sans aucune hésitation être qualifié de génial. Non, Zakaria Boualem ne se demandera pas quel type de musée nous aurons à offrir à nos visiteurs s’il nous venait l’étrange idée d’organiser la Coupe du monde. Il s’abstiendra même de constater que cette visite entière est un hommage au peuple, joueurs et public, une glorification des gens alors que nous avons le plus grand mal à nommer un simple stade du nom d’un de nos héros. Non, il ne se posera pas ce genre de questions. Il préfère rester en lévitation et remercier les Brésiliens pour cette visite.