Zakaria Boualem et la comedienne

Par Réda Allali

Salut à vous, bienvenue à ceux qui ont réussi à arriver jusqu’ici, c’est le moment du point d’avancement sur la construction du Maroc Moderne, vous connaissez la chanson. Cette semaine, Zakaria Boualem souhaite s’exprimer sur une violente polémique qui a passionné l’opinion publique. Elle met en scène, par ordre d’apparition, une comédienne, son nez, une future gendarmette et des millions de commentateurs qui s’écharpent avec enthousiasme. Vous connaissez sans doute l’histoire, il est impossible d’échapper à quoi que ce soit aujourd’hui avec ces puissants réseaux sociaux. Voici un rappel, pour ceux qui habitent dans une grotte. Une comédienne, donc, se pointe dans une administration pour légaliser un papier. Forte de son statut, elle grille la file et obtient son papier. Alors qu’elle s’apprêtait à quitter les lieux, une jeune fille l’interpelle et lui fait remarquer sa cuistrerie. S’ensuit alors une phase assez floue – on se sait pas qui a porté le premier coup – au cours de laquelle les deux dames se crêpent le chignon. La comédienne a le nez cassé, elle est à l’hôpital, mais l’étudiante est à Oukacha, grâce une de ces crises d’excès de zèle dont on sait notre système capable lorsqu’il est pris de convulsion. La comédienne donne alors une interview lunaire. Entre deux hamdoulillah, on comprend qu’elle a échappé de peu au trépas, qu’elle souffre abominablement. Elle geint, un coran argenté sur le lit, comme si elle s’apprêtait à rencontrer son créateur. C’est un spectacle impudique et grotesque, et pourtant nos standards sont élevés. Mais au lieu de la vague de sympathie qu’elle pensait obtenir, elle se prend une volée de commentaires acerbes, comme nos compatriotes savent le faire lorsque la passion les étreint. On lui reproche de se croire au-dessus des autres, de briser le destin d’une jeune étudiante, de se foutre un peu de la gueule du monde avec ses interviews sous anesthésie générale. Dans un moment de lucidité, toujours entre deux hamdoulillah et trois choukroulillah, elle finit par accorder son noble pardon, telle une suzeraine à un gueux trop stupide pour comprendre sa faute. En passant, elle fustige ceux qui ont essayé de mettre de l’huile sur le feu (on rappelle que les deux femmes se sont échangé des claques toutes seules, mais il faut bien trouver un coupable, l’autocritique est une notion proscrite par ici). Sans plus attendre, voici les conclusions du Boualem, qui sont au nombre de trois.

1. Il semble bien qu’il règne dans notre paisible contrée une sorte de ras-le-bol au sujet des passe-droits. C’est assez inquiétant, parce qu’il s’agit d’un des piliers de notre système. Oui, il se trouve chez nous un nombre important de gens qui en ont assez de se faire humilier. Pour le moment, on s’acharne sur les caïds libidineux ou sur les comédiennes indélicates, c’est assez gérable. Mais il est bien possible que ça s’étende rapidement, les amis. Il faut donc espérer que le message soit passé.

2. Nous vivons dans une société de plus en plus violente. Il est bien facile d’accuser les supporters de foot, mais il faut être aveugle pour leur attribuer le monopole de l’agressivité. Oui, le plus beau pays du monde regorge de braves sujets prêts à en découdre à la moindre contrariété. Nous sommes devenus un pays très énervé. Nous pouvons soit en profiter pour devenir une grande nation en termes de sport de combat, soit lutter contre ce phénomène en ramenant un peu de sérénité dans nos rues.

3. Nous avons trop de papiers à légaliser. Là est la véritable raison de cet affrontement : l’engorgement au guichet. Il faut simplifier notre administration.
C’est tout, et merci.