Les amis, c’est avec une authentique émotion que notre homme le Boualem vous présente ses bisous halal à l’occasion du Aïd le petit. Ça a été ardu, laborieux, mais hamdoullah vous avez relevé le défi avec panache. De son côté, le Guercifi a passé le mois en station couchée, hébété, épuisé et angoissé par les ténèbres dans lesquelles il a fallu s’enfoncer ces dernières semaines. Depuis, il a réussi à se redresser, mais il est suffisamment lucide pour admettre que le ramadan 2017 a laissé des traces.
La FIFA, sans doute pour déstabiliser les pays arabes, a avancé le ridicule prétexte d’une année impaire pour nous priver de football pendant le mois sacré et nous avons plongé dans le panneau, il faut le reconnaître.
Il y a eu l’Arabie Saoudite qui s’est énervée d’un seul coup contre le Qatar parce qu’il devient pote avec l’Iran qui soutient les Houtis du Yémen (que nous combattons d’ailleurs). Un conflit qui recèle une telle dose d’absurde qu’il est inutile de le caricaturer, il s’en charge très bien tout seul. Nous parlons ici du premier conflit de l’ère moderne où les maillots du Barça et les posts Facebook ont été pénalisés, ce n’est pas rien.
Un conflit où la première ligne est constituée de consultants en football, heureusement qu’ils n’ont pas d’ultras. Et, chez nous, il y a eu la glorieuse valse de la zerouata pour calmer les ardeurs des habitants d’Al Hoceïma, avec sa masse d’empoignades virtuelles entre les supporters de l’existant, qui nous expliquent que ce n’est pas le moment de demander quoi que ce soit (même si on a raison), et que c’est pire ailleurs, et les autres, qui ont de plus en plus de mal à supporter les techniques de management médiévales et les contorsions grossières qui ne visent qu’à gagner du temps.
La dernière phrase est très longue, Zakaria Boualem en est conscient, et il sait aussi qu’il a écrit ce genre de choses trop souvent. Ce n’est pas de sa faute, c’est l’histoire qui se répète, à l’identique, nous reproduisons fidèlement les mêmes schémas, mais de plus en plus souvent. Pour le 20 Février, pour l’affaire du pédophile, pour le Hirak, et pour une multitude de petits conflits moins médiatisés.
Nous sommes entrés dans une zone de chaos de basse intensité. Et ce n’est pas une bonne nouvelle. Si notre Guercifi a un seul souhait, en cette période de voeux, c’est bien que certaines des habitudes de notre glorieux système disparaissent à jamais, des trucs qui nous font un peu honte et qui — tout le monde le sait — ne mènent pas très loin si on est ambitieux.
On pense en vrac à la manipulation de l’opinion par les médias officiels, aux humiliations infligées par l’appareil de l’Etat, à la justice télécommandée, à la propagande délirante, aux livres d’histoire un peu bizarres pour rester polis, et vous avez compris l’esprit. Et ne venez pas nous dire que c’est partout pareil ou pire ailleurs, on s’en fout un peu. Vous avez noté qu’on ne parle même pas des passe-droits, hein, on est dans le gratuit, le symbole. La suite, on la laisse pour les générations suivantes, histoire de ne pas aller trop vite parce qu’apparemment c’est un grand danger que d’aller trop vite, surtout quand on est immobile.
Voilà, c’était le souhait de Zakaria Boualem, et il estime qu’il devrait être partagé par tout le monde, les barbus à baskets, les militants amazighs, les gauchistes hippies, les panarabistes à moustache, les RNIstes businessmen, les ultras du KAC, les laïques indignés et même les rappeurs patriotiques.
Seuls les vrais supporters de l’existant résistent à ce voeu, sans doute parce qu’ils pensent au fond d’eux-mêmes qu’il est impossible à réaliser, ou qu’ils estiment que notre système est par nature opposé à ce genre de valeurs. On ne va pas les écouter, et on continue à espérer et à le répéter: c’est un changement d’état d’esprit qu’il faut entamer très vite, il y a un espoir à restaurer, et un Maroc moderne à construire avant que tout le monde ne déguerpisse physiquement ou mentalement.
PS : Au moment d’envoyer ce petit texte, le Boualem découvre les images de la zerouatification d’Al Hoceïma judicieusement déclenchée le jour de l’Aïd, et, pire, les gens qui pensent que c’est la solution. C’est mal parti…