Notre pays connaît des difficultés persistantes ces dernières années. » Bank Al Maghrib (BAM) tire la sonnette d’alarme s’agissant de la situation de l’économie nationale. Dans le rapport annuel présenté au souverain ce 29 juillet, le wali de la Banque centrale note ainsi que « l’atonie des activités non agricoles depuis 2013 commence à devenir préoccupante. La progression de leur valeur ajoutée oscille autour de 2,3% contre 4,6% entre 2000 et 2012 et la croissance globale reste rythmée par l’alternance de bonnes et mauvaises campagnes agricoles, avec un taux annuel moyen limité à 3,3%. » « Ainsi, si cette situation perdure, l’ambition de l’émergence serait difficile à concrétiser même sur un horizon lointain », avertit le gouverneur de BAM.
« De surcroît, les perspectives restent incertaines », continue le wali. « La lenteur et les divergences entourant la déclinaison de la vision 2030 de l’éducation risquent de perpétuer les contre-performances, déjà alarmantes, de notre système d’éducation et de formation et condamner encore des générations de nos enfants et de nos jeunes à l’exclusion économique et sociale, » a également pointé Abdellatif Jouahri.
En matière d’emplois, le wali note que « la révolution digitale est en train de rehausser de manière radicale les exigences du marché du travail, rendant l’accès à l’emploi plus difficile pour des pans entiers de la main-d’œuvre peu préparée aux métiers de demain ». Il indique également que « l’attractivité exercée par les économies avancées sur les compétences des pays émergents et en développement » se traduit par « l’exode de cohortes de diplômés qui se voient offrir de meilleures conditions de travail ».
Pour Abdellatif Jouahri, cette atonie de la croissance et de l’emploi est une conséquence directe du manque d’investissement privé et ce malgré de « nombreuses incitations accordées et un système financier largement développé par rapport aux économies de niveaux similaires. » Ce qui fait dire au wali de Bank Al Maghrib qu’en « dépit de tous les efforts déployés en faveur de notre système productif, force est de constater que son état aujourd’hui reste encore préoccupant ». Les données collectées par la banque centrale montrent un tissu économique « fragmenté, fragile et affaibli par l’informel, les pratiques déloyales, la corruption et les délais de paiement. »
Renouer avec la croissance suppose certes une poursuite des réformes, « mais avec une plus grande exigence en termes d’efficacité et de rendement et une meilleure prise en compte de cet environnement international incertain» affirme Abdellatif Jouahri. Pour le wali de BAM, cela requiert également « des évaluations objectives, indépendantes et régulières pour opérer les ajustements nécessaires et optimiser les choix futurs ».