Driss Bouissef Rekab, rescapé de l’horreur

Ils ont voulu changer le Maroc, certains de manière pacifique, d’autres par la violence, la majorité d’entre eux l’ont payé de leur propre personne. Ceux qui ont témoigné ont presque tous décrit l’horreur, préméditée et systémique, comme réponse. “À l’ombre de Lalla Chafia” est une description minutieuse du long calvaire de Driss Bouissef Rekab.

Par

Avec son témoignage murmuré sur le ton de la confidence et fondé sur sa constante honnêteté intellectuelle, Driss Bouissef Rekab a rédigé contre l’arbitraire du pouvoir marocain le plus terrible et le plus convaincant des réquisitoires”, les mots sont de Gilles Perrault, dans la préface qu’il a écrite pour cette œuvre. Gilles Perrault est celui-là même qui a, lui aussi, écrit un brûlot contre le pouvoir marocain, Notre ami le roi, qui a été à l’origine d’une brouille durable entre le Maroc et la France.

Les années de plomb, c’est une expérience dont on ne sort pas indemne, et la littérature carcérale que cette période a engendrée en est la preuve. Que ce soit “ceux de Kénitra”, comme Driss Bouissef Rekab, “ceux de Tazmamart”, ou les témoignages de proches des personnes disparues, tous ont quelque chose à raconter, ce qu’ils ont vécu, ce qu’ils ont voulu transmettre comme message à ceux qui ont vécu cette période dans l’insouciance, ou les jeunes qui en ont entendu parler mais veulent savoir ce qu’il s’est passé.

«À l'ombre de Lalla Chafia (en français)»

Driss Bouissef

60 DH

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Également disponible en arabe : 

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Avant de nous mettre dans le bain, l’auteur nous décrit d’abord son enfance, nous guide à travers ce qu’il définit comme “les plus belles années de sa vie”, où une maman espagnole comblait ses enfants d’amour, “une jeune femme mince, délicate mais solide, à la peau blanche et fine, dorée par le soleil et l’air libre, à la voix douce, musicale. Elle avait une voix absolument extraordinaire, une voix magnifique. Oum Kalsoum, c’était de la bibine à côté de notre mère”.

La fin de l’innocence

Ce n’est pas pour rien que l’auteur consacre plus du tiers de son livre à cette enfance qu’il décrit comme heureuse, malgré les moyens limités de son père, un ancien combattant des troupes franquistes lors de la Guerre civile espagnole 1936-1939, plus pour nourrir sa famille que par idéologie fasciste, comme beaucoup de “Moros” comme lui, comme les désignaient les Républicains.

Mais l’innocence, et peut-être aussi une certaine naïveté d’avoir cru un peu trop facilement en des lendemains qui chantent — il faut dire que la période y était propice — allaient se dissoudre dans la contre-offensive du pouvoir.

La deuxième partie du livre commence dans le noir. “Cris longs et interminables comme la nuit noire de laquelle j’essaie de sortir. Je ne peux avancer dans nulle direction, parce que la noirceur se transforme en une glu qui me recouvre, alors que les cris, assourdissants, continuent autour de moi”. On imagine aisément que le noir, c’est le bandeau qu’il a sur les yeux, et que les cris sont ceux des détenus qu’on torture. Parce qu’avant la prison, c’est d’abord le commissariat de Derb Moulay Cherif à Casablanca. L’antichambre de la prison, et de la mort. Il faut d’abord goûter aux délices du pouvoir, se coucher coûte que coûte. Avouer quoi au juste ? Peu importe. Avouer c’est tout. Parce que le juge attend un procès-verbal, il ne peut pas prononcer un verdict sans avoir un PV signé de l’accusé ; un jeu d’enfant pour les tortionnaires. Une justice indépendante, on appelle ça. Et la justice, en ces temps-là, avait la main lourde.

Ce jour-là, “plus de TRENTE SIÈCLES (en capitales dans le texte) pour 138 personnes ! Et personne n’en réchappa. Moi, je fus condamné à 20 ans”. Un témoignage pour la mémoire, contre l’oubli.

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